Insertion professionnelle, handicap et éthique

Parmi les nombreuses discriminations à l’embauche, celle liée au handicap était sous le feu des projecteurs à l’occasion de la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Les derniers chiffres publiés par l’AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées) sur l’emploi des personnes en situation de handicap sont parlants. Ainsi, bien qu’étant légèrement en baisse, le taux de chômage des personnes en situation de handicap (de 18 %) reste, en 2019, deux fois supérieur à la moyenne (8,5 % de chômage au sein de la population globale). En France, 2 800 000 personnes ont une reconnaissance administrative du handicap – c’est à dire que l’on a reconnu qu’elles ont des difficultés de santé durables qui ont un impact sur l’accès à l’emploi ou la capacité de travail. Environ 500 000 de ces personnes sont donc demandeurs d’emploi.

La loi qui incite

Pourtant il existe des lois pour éviter toute discrimination et favoriser l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Une loi récente (la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ») qui sera applicable à compter du 1^er janvier 2020 va notamment réformer l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (l’OETH). Et le gouvernement vient de dévoiler (le 18 novembre) sa stratégie afin de la mettre en œuvre.

La loi maintient l’obligation phare qu’ont les entreprises de plus de 20 salariés d’embaucher 6 % de personnes en situation de handicap, mais va modifier d’autres aspects de l’OETH. Entre autres mesures, les employeurs ayant moins de 20 salariés devront tout de même déclarer leur taux d’employés en situation de handicap, la procédure de déclaration sera simplifiée, l’emploi des seniors en situation de handicap sera valorisée et le recours à la sous-traitance auprès d’un ESAT, d’entreprises adaptées ou de travailleurs indépendants handicapés sera également mieux prise en compte.

A ce jour, les personnes en situation de handicap peuvent en effet travailler dans trois types de contextes : dans une entreprise ordinaire – dans ce cas, l’employeur devra prendre des mesures adaptées -, dans une entreprise adaptée - où plus de 80 % des travailleurs ont le statut de travailleur handicapé - ou bien dans un ESAT.

Les ESAT sont des Établissements et Services d’Aide par le Travail. Ces structures vont accueillir des personnes en situation de handicap dont les capacités ne leur permettent pas de travailler dans une entreprise ordinaire ou une entreprise adaptée. Ces personnes vont pouvoir y exercer une activité professionnelle et bénéficier d’un soutien médico-social et éducatif. Des foyers d’hébergement sont parfois également rattachés aux ESAT.

Certains sites d'emplois mettent également à l'honneur des emplois dans le secteur du handicap. 

Economie sociale et solidaire et handicap

L’insertion des travailleurs handicapés s’inscrit d’autant plus dans l’économie sociale et solidaire (ESS) qui promeut entre autres l’égalité des chances et l’absence de discrimination. Un guide pratique à destination des employeurs de l’ESS a été publié par l’union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES) en mars 2019 afin de favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap dans le secteur.

En tant qu’acheteur, c’est un des critères que l’on peut valoriser en privilégiant des marques qui prennent des mesures effectives afin de favoriser l’insertion professionnelles des personnes en situation de handicap.

Tu as d'ailleurs remarqué qu’on parlait souvent de marques qui portent parmi leurs valeurs l’insertion professionnelle, non ? Certaines d’entre elles vont par exemple s’approvisionner en partie auprès d’une ESAT.

Quelques exemples

On a sélectionné pour toi quelques marques qui s’engagent en ce sens !

La Tribu, une épicerie collaborative : ce sont les clients qui choisissent les futurs produits. Café, quinoa et graine de chia sont pour l'instant disponibles. Tous les produits sont bio et équitables, mais aussi emballés et conditionnés en France en Seine Maritime aux Ateliers de Bléville, un établissement qui favorise l'emploi de personnes en situation de handicap.

Ka.Ji.Ji, qui commercialise notamment des cotons, lingettes, mouchoirs et serviettes hygiéniques lavables à base de tissus labellisés bio. La fondatrice de la marque a choisi de faire appel à un ESAT proche de chez elle, en région parisienne, afin de confectionner ces accessoires, lorsque le projet est passé à une phase plus industrielle.

Même démarche pour la jeune marque marseillaise Another Way qui vend des emballages alimentaires réutilisables, le fameux « Bee’s wrap ».

Dans la gamme des cosmétiques, de nombreuses marques présentes sur Dream Act travaillent en lien avec des ateliers d’insertion pour les personnes en situation de handicap. C’est notamment le cas de Cozie, la marque de cosmétiques zéro déchet qui pratique un système de « consigne » pour les flacons contenant ses produits. Afin d’être remplis à nouveau, les flacons sont lavés après usage… dans des ESAT bien entendu !

Clip-It, la marque de jeux pour enfants déjà bien avancée en termes d’économie circulaire (elle vend des jeux de construction fabriqués à partir de bouchons de bouteilles en plastique recyclés et surcyclés) sous-traite le tri des bouchons en plastique qu’ils récupèrent et le conditionnement de leurs produits à des ESAT.