Bioplastiques : mythe ou réalité écologique ?

Le 12 mars se tenait notre première conférence « Le Vrai du Faux de la Conso » sur le thème "Bioplastiques : mythe ou réalité écologique ?"  Vous avez été plus de 80 à entendre et poser vos questions à nos experts présents, représentants du Club Bioplastiques, de Surfrider Foundation Europe (association de protection des océans), de Terravox (organisme de lutte contre les déchets) et de CitizenGreen (fournisseur d’objets publicitaires éco-responsables).

 
Ce qu’il faut retenir :
 

Qu'est-ce qu'un bioplastique ?

 
Un bioplastique est une matière plastique biosourcée = fabriquée à partir d'éléments végétaux. Elle est 100 % compostable ou biodégradable dans la nature. Cette matière a les mêmes propriétés que le plastique "fossile", c'est à dire issu du pétrole (exemple : PET).
 
Par un exemple, un bioplastique peut se fabriquer à partir d'amidon de maïs ("PLA"). Est-ce que la culture du maïs a des vocations de production concurrence les cultures alimentaires ? Pas du tout :  le bioplastique ne représente que 0,02% de la SAU, la surface agricole utilisée et s'il venait à remplacer l'ensemble du plastique (ce qui n'arrivera pas), il grimperait à 2% de la SAU seulement.
 

Attention au bioplastique washing :

Certains objets sont uniquement biosourcés et portent souvent aussi le nom de "bioplastique", à tort. Il s'agit d'objets fabriqués par un mélange de plastique fossile ET d'éléments végétaux : il n'est donc pas du tout biodégradable. Pire encore, ces plastiques dits "composite" ou "fragmentaires" se dégradent en miniscules morceaux de matière, ce qui les rend impossible à récupérer dans la nature : leur pollution est encore pire que le plastique fossile.
 
 
 

Comment un bioplastique se dégrade-t-il ?

 
Les bioplastiques peuvent se dégrader selon leur nature de trois manières différentes : 
  • En compostage industriel : la matière doit se dégrader à 90 % en moins de 6 mois, grâce à des micro-organismes capables de digérer la matière à de très hautes températures.
  • En compost domestique : la matière doit se dégrader à 90 % en 1 an
  • Dans la nature, au sol : la matière doit se dégrader à 90 % en en 2 ans.
Un véritable bioplastique répond à ces normes qui sont Européennes.  Il est indispensable de connaître la manière dont se dégradre un bioplastique avant de l'utiliser, et donc indispensable, en tant que fabriquant, de le mentionner.
 
Source : Club des Bioplastiques
 

Comment connaître la façon de dégrader un objet en bioplastique :

 
Un bioplastique qui se dégrade en compost industriel est reconnaissable par le logo "OK compost" ou par les labels "Seedling" et "DIN-Geprüft Industrial Compostable". Un bioplastique dégradable en compost domestique est visible par le logo "OK compost HOME".

 

Le bioplastique est une alternative pour les emballages alimentaires...

Etant voué à finir au compost avec d'autres aliments, le bioplastique est  normé pour être au contact de ceux-ci. Il présente donc une alternative aux packagings et emballage alimentaires ("sous vide", emballages à usage unique, vaisselle jetable à emporter) qui sont la première source de pollution plastique au monde.
 

...mais ne doit pas servir à perdurer le « jetable » et l’usage unique

Chaque produit que nous consommons a un impact. Sa fabrication nécessite des ressources naturelles, des énergies, de la matière première, du transport...Ainsi, remplacer du plastique jetable à usage unique par la même en chose en bioplastique n'a pas de sens. L'usage unique en soi est un système problématique qu'il faut limiter au maximum, en utilisant au contraire des objets durables, réutilisables. Les bioplastiques n’ont pas vocation à remplacer des produits qui, par définition, devraient être arrêtés
 
 

Gestion des déchets et recyclage

Le bioplastique ne doit PAS être jeté

Le bioplastique n'a aucun intérpet s'il est jeté plutôt que composté. En effet, s'il est jeté, il sera comme les autres déchets enfoui ou incinéré. L'enfouissement engendre des émissions de méthane dû au manque d'oxygène, tandis que l'incinération envoi du CO2 dans l'air : deux types de pollution à éviter, néfastes pour les sols, les cours d'eau, l'air, et la santé des êtres vivants.
 
Si la France a pour ambition de réduire ces deux méthodes de gestion des déchets sous 10 ans (loi Economie circulaire), la situation actuelle est peu reluisante pour nos déchets :
  • 30% sont enfouis
  • 50% sont incinéré
  • 20% sont recyclés seulement.
 

Comment les déchets sont-ils traités en France ?

90% des déchets français sont traités sur le territoire. Nous avons tous vu des images de cargos envoyés au bout du monde : elles ne représentent pour l'instant qu'une minorité, mais dénonce une réalité grandissante : la mondialisation des déchets, devenant une matière commercialisée avec des variations de prix.
 
En France, notre volume de déchets continue d'augmenter et présente de vastes disparités d'une région à une autre. Comme on peut s'en douter, la région Parisienne est particulièrement problématique puisque 10 % des déchets seulemment finissent dans les poubelles de recyclage, ce qui signifie que les 90% restant sont incinérés ou enfouis. Heureusement, le Gouvernement souhaite rendre obligatoire et accessible le compostage domestique pour tous afin de mieux gérer les déchets organiques qui ne reviennent aujourd'hui pas suffisamment à la terre, ce qui engendre une perte de fertilité de nos sols.
 

La France, bon élève du recyclage ?

Malheureusement non. L’Italie, l’Autriche, l'Allemagne et l'Angleterre sont bien plus avancés que nous sur le sujet. Comme vu précédemment, nous ne recyclons que 20 % de nos déchets, soit 1 bouteille sur 10. La raison ? Le recyclage coute cher et la filière n'est pas rentable. On devrait dailleurs parler de sous-cyclage et non de recyclage, puisqu'il s'agit de détruire un objet pour que cette nouvelle matière serve à un autre objet. 

 

Conclusion :

  • Le bioplastique n'est pas LA sollution à la pollution plastique, mais elle est une première piste pour la réduire. Le véritable problème réside dans notre consommation générale. Interdire les produits à usage unique ne suffisent pas, si on les remplace par d'autres alternatives dont la conception, l'utilisation ou la fin de vie seront aussi néfastes. Il est primordial de repenser nos usages, et d'éviter au maximum le jetable et l'usage unique.
  • Avant de consommer un produit, il est indispensable de se poser la question du besoin, de l’utilisation et de la fin de vie.  En ais-je réellement besoin ? Le produit est-il durable ? Si je n’ai pas le choix que de prendre du jetable, puis-je le recycler, le réparer, le donner ? Puis-je le composter ?

    C'est ainsi en toute connaissance de cause que nous ferons de meilleurs choix de consommation.
Cécile P.

Article rédigé par :

Cécile P.

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