Mauvais payeurs : la fast-fashion premier de la classe 🤓

Un chef d’entreprise sur deux craint la faillite, notamment à cause des retards de paiement, selon une étude publiée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) . En France, le gouvernement met en place des mesures pour lutter contre les entreprises qui ne payent pas leurs fournisseurs afin de se constituer un matelas de trésorerie. Tout le monde communique sur la solidarité nationale, et il est de bon ton d’être cité parmi les entreprises « bons payeurs ».

Dans notre économie mondialisée, qu’en est-il du paiement de nos fournisseurs situés dans des pays où la main d’œuvre est peu chère ? Malheureusement, pas de surprise : ce sont les premiers à pâtir du comportement des mauvais payeurs. Et en particulier dans l’industrie du textile de masse. 

Confrontés à un arrêt partiel ou total de leur activité à cause du confinement mondial, les grandes marques européennes de prêt-à-porter ont repoussé ou annulé 3,1 milliards de dollars de commandes déjà passées auprès de leurs fournisseurs bangladais. C’est une catastrophe pour un pays où la filière textile du prêt-à-porter représente 12,5% du PIB. A  titre de comparaison, en France, la construction immobilière représente  6 % du PIB et le tourisme, 7,3%.

L’industrie textile emploie plus de 4 millions de personnes au Bangladesh, principalement des femmes issues de villages pauvres des zones rurales.

En France, lorsque les mauvais payeurs arrêtent de payer leurs fournisseurs, une entreprise sur deux met la clé sous la porte et leurs salariés se retrouvent au chômage. Au Bangladesh ou en Ethiopie, si le coût de la main d’œuvre est si peu cher, c’est aussi parce que les politiques sociales du pays ne permettent pas aux employés de survivre à une telle crise.

Face à la rupture brutale des paiements, les fournisseurs bangladais ne peuvent plus payer les salaires. La plupart des usines ont licencié les travailleurs et les travailleuses sans les payer.

Concrètement, la collection printemps-été 2020 de nombreuses marques de fast-fashion aura été fabriquée par des hommes et des femmes qui n’ont pas été payées pour ce travail, et qui aujourd’hui n’ont plus les moyens de s’acheter à manger.

 

Une dédicace spéciale aux équipes greenwashing- marketing de C&A qui #portentlechangement (slider Facebook Kiabi France, avril 2020)

 

La solution pour aider les ouvriers bangladais : faire du shopping en fast-fashion NON.

 « Si on veut aider les bengladais, faisons repartir la fast-fashion : achetons plus de prêt-à-porter  made in Bangladesh ? »

Si cette situation arrivait en France, trouverait-on cela logique de reverser plus d’argent aux entreprises mauvais payeurs pour qu’ils paient –éventuellement, à leurs bon vouloir – leurs fournisseurs ? Non, en France, on leur fait payer des amendes. Tiens tiens, Amazon était cité dans les plus mauvais payeurs de France l’an dernier…

Si nous voulons aider les bangladais, et plus globalement si nous souhaitons que le monde post-confinement soit plus juste, nous devons transformer l’industrie de la mode en un modèle plus juste pour tous. Soutenons les initiatives qui s’engagent réellement pour une mode éthique, en France comme en Ethiopie ou au Bangladesh. Nous devons, plus que jamais, faire des choix de consommation responsables.

Pour cela, plusieurs actions :

1/ Prendre conscience que l’on vote avec son porte-monnaie, et que nos achats ont du pouvoir. Faire des choix de consommation raisonnés et responsables, s’interroger au-delà du greenwashing avant d’acheter, c’est forcer le changement.

2/ Soutenir ceux qui s’engagent pour une mode et un monde plus juste. Plutôt que boycotter et pointer du doigt ceux qui font mal, mets en lumière ceux qui font bien et soutiens-les ! C’est la meilleure façon de permettre aux alternatives responsables et engagées de se développer, et donc de démocratiser la consommation responsable.

L'actualité met en lumière une fois de plus le problème dans l'industrie textile : le cas du travail forcé des Ouighours 

En effet, un courrier du Global Legal Action Network relayé par Mediapart met en lumière les pratiques de nombreuses multinationales de l'industrie textile. Elles font travailler dans des camps la minorité musulmane Ouïghours, dans la région du Xinjiang pour l'industrie cotonnière chinoise. Les entreprises sont pointées du doigt par de nombreuses personnalités politiques, notamment Raphaël Glucksmann député européen. Il a prononcé un discours devant le Parlement pour interpeller la communauté internationale afin qu'elle réagisse, il y dénonce le "pire crime contre l'humanité du XXIème siècle". Ce qu'il se passe en Chine est très relayé sur les réseaux sociaux, ce qui témoigne d'une véritable prise de conscience du problème. 

L'information est le nerf de la guerre. Le fait que la situation des Ouïghours soit relayée massivement donne espoir, car les marques ne peuvent plus se cacher désormais. Elles sont obligées de réagir face aux accusations, et in fine certaines s'engagent à ne plus employer des travailleurs forcés. Cependant, la majorité d'entre elles font la sourde oreille. C'est pourquoi il est primordial de savoir : comment et où sont produits les vêtements ? À qui revient le bénéfice ? Et comment consommer de manière plus responsable ? 

 

Claire Chouraqui

Article rédigé par :

Claire Chouraqui

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