C'est quoi le problème des déchets (et puis on recycle, non ?)
Selon Eurostat, en 2014 chaque Français a produit environ 430kg de déchets ménagers. La quantité de déchets que nous produisons est liée à notre mode de consommation. Stimulé pour acheter toujours plus, toujours plus vite, nos achats sont parfois irréfléchis et créent toujours plus de déchets à venir.
Pourquoi les déchets sont-ils un problème ? Pourquoi le recyclage n’est pas la solution ?
Le surplus de déchets comme symptôme de la surconsommation
Avant de parler du traitement des déchets, nous voulions nous arrêter un instant sur la raison pour laquelle leur nombre augmente chaque année. Cette raison, c'est la surproduction.
Le problème de la suproduction est simple : produire, c'est polluer. Concrètement, cela signifie que chaque achat (irréfléchi ou utile) consomme des ressources nécessaires à la production, au transport, au stockage, à la vente du produit, puis à la gestion de sa fin de vie.
En plus de consommer de l’énergie au cours de la production, les nombreux objets que nous consommons emploient de l’énergie lors de leur élimination en tant que déchets.
Que deviennent nos déchets ?
La gestion des déchets est un problème en France comme dans le monde. Mal gérés, exportés, les déchets constituent des problèmes écologiques et sanitaires.
En France, 30% des déchets sont enfouis, 50% sont incinérés et seulement 20% sont recyclés. Le traitement des déchets par incinération ou par stockage entraîne des rejets dans l’air de gaz à effet de serre et de polluants divers. En 2015, les émissions de méthane liées aux déchets étaient responsables du rejet de 479 000 tonnes de CH4 dans l’atmosphère, soit 21 % des émissions françaises de méthane. Depuis 2003, les émissions de méthane diminuent légèrement en France, en raison d’une meilleure valorisation du biogaz et d’une diminution des déchets éliminés par stockage. Le recyclage permet de réduire la quantité de déchets enfouis ou incinérés, mais tous les déchets ne sont malheureusement pas recyclables.
L’ADEME (Agence de la transition écologique) a montré qu’en 2014, le recyclage a permis d’éviter le rejet de 20 millions de tonnes d’équivalent CO2, d’économiser 165 TWh de consommation d’énergie cumulée et d’économiser 250 millions de m3 d’eau.
C’est génial alors, le recyclage est LA solution de gestion des déchets ? Et bien non, pas tout à fait.
On l’a vu, en France seulement 20% des déchets sont recyclés. Cette part ne prend pas en compte les déchets exportés. En effet pour ne pas avoir à gérer des déchets, la plupart des pays exportent leurs déchets vers des pays plus pauvres. Face à des exportations massives, en janvier 2018, le gouvernement chinois a mis en place le programme « National Sword » (Epée nationale). Cette mesure interdit l’entrée de 24 types de déchets sur le territoire chinois, pour des raisons aussi bien sanitaires qu’environnementales. Avant cette mesure, l’Union Européenne exportait environ 50% de ses déchets plastiques vers la Chine. Les déchets étaient enfouis, empilés dans des décharges ou incinérés à l’air libre.
Cette réglementation a seulement déplacé le problème dans les pays voisins comme la Thaïlande ou la Malaisie, pays qui n’étaient pas préparés à l’arrivée et à la gestion d’une quantité massive de déchets. La solution mise en place a donc été l’incinération en plein air, solution polluante pour l’environnement et dangereuse pour la santé. Les cours d’eau sont désormais pollués, affectant l’agriculture et la vie des populations locales. L’impact sur la santé des populations est désastreux. L’inhalation des fumées et des émanations produites par l’incinération provoquent des maladies respiratoires graves, des éruptions cutanées, des vomissements et toux. Des conséquences plus nuisibles apparaissent tel que des cancers, des impacts sur le système reproducteur (stérilité, fausses couches répétées), ainsi que des affaiblissement du système immunitaires et des perturbations endocriniennes.
Notre planète est recouverte à hauteur de 70 % environ par la mer, et on trouve pratiquement partout des déchets à la surface des océans.
Les déchets plastiques
La part des déchets plastiques dans le monde est de 12%. Pour l’année 2016, la Banque Mondiale estime que 300 millions de tonnes de déchets plastiques ont été produits. La part mondiale du plastique recyclé reste aujourd’hui très faible : seulement 20% des déchets plastiques mondiaux sont recyclés, 15% sont incinérés, le reste est accumulé dans des sites d’enfouissement ou perdu dans la nature.
Sur la totalité de ces déchets, le secteur de l’emballage en génère à lui tout seul 50%. En Europe, en 2016, sur les 27 millions de tonnes de déchets plastiques collectés, on comptait 62% d’emballages. Il faut également savoir qu’en Europe en 2016, seulement 31% des déchets plastiques étaient recyclés, la majorité étant incinérés. La France est encore plus mauvais élève puisque seulement 22% de ses déchets plastiques sont recyclés.
La répartition des déchets dans les océans
D’après un rapport des Nations Unies, 80% des déchets contenus dans les océans sont des déchets plastiques. Parmi ces déchets plastiques, 50% sont des produits à usage unique tel que des gobelets, pailles, des bouteilles, tampons, serviettes hygiéniques… Ces produits sont alors ingérés par la faune marine, entiers ou sous forme de microparticules. On estime que plus de 40% des espèces existantes de baleines, dauphins et marsouins, toutes les espèces de tortues marines et environ 36% des espèces d’oiseaux de mer auraient ingéré des déchets marins. De nombreuses espèces tels que les phoques, les dauphins ou les tortues de mer peuvent se prendre dans les déchets, filets ou lignes de pêche perdues en mer et la plupart en meurent. Ces déchets plastiques ont une chance de passer dans la chaîne alimentaire.
D’après une étude australienne publiée début juin par WWF, l’homme ingérerait environ 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit, à cause des microparticules contenues dans les bouteilles d’eau minérale, le sel, la bière, l’air ou encore les fruits de mer. On ne connaît pas encore les effets de cette absorption sur notre santé.
Selon la communauté scientifique, les solutions qui permettront d’agir au mieux sur la diminution des déchets plastiques résident dans la création d’infrastructures de gestion des déchets à travers le monde et l’arrêt de l’exportation des déchets plastiques des pays aux revenus élevés vers ceux aux revenus faibles. La part de déchets mondiaux non gérés pourrait alors se réduire de 80%.
Pour aller plus loin :
Pour comprendre ce que sont les bioplastiques.
L'économie circulaire, qu'est-ce que c'est ?
Les déchets retrouvés dans la mer, et comment remplacer
Sources :
https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/dechets-chiffres-cles-2017-010269.pdf
https://www.lefigaro.fr/sciences/plastique-quel-est-le-probleme-20190626
https://www.eea.europa.eu/fr/signaux/signaux-2014/gros-plan/des-ordures-dans-nos-oceans
https://www.zerowastefrance.org/rapport-pollutions-exportation-plastique-asie/
https://wecf-france.org/lexploitation-des-travailleurs-euses-dans-les-usines-textiles/
Article rédigé par :
Julia
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