La vérité derrière nos bijoux

On le sait : un bijou peut être le détail mode qui va tout changer dans une tenue. Ce que l'on sait moins, c'est que cet accessoire porte un coût écologique et social peu reluisant. Que se cache-t-il derrière nos bijoux ? Explications.

Le problème des bijoux fantaisies

Qui pourrait soupçonner que les bijoux fantaisies seraient nocifs pour la santé ? C'est malheureusement le cas, et l'utilisation de certains métaux en joaillerie est donc strictement encadrée.

Le plomb est par exemple, classé par l'OMS parmi les 10 produits chimiques gravement préoccupants pour la santé publique. Le cadmium est également un composé mis en cause, causant des problèmes sur le foie et le système respiratoire, il est considéré comme cancérigène. Malgré cela, on trouve régulièrement des bijoux fantaisie qui ne respectent pas les normes européennes, parfois de façon dramatique, et pourtant vendus sur nos territoires.

Une enquête réalisée en 2016 par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), révelait que près d’un tiers des prélèvements sur des bijoux fantaisies en France contenaient des métaux lourds ou du nickel au-delà des limites réglementaires.

De plus, nous avons rarement des informations quant aux conditions de fabrication de ces bijoux : quid des salaires, du travail des enfants, du contexte sanitaire et social de la production ? Les bijoux, comme le reste de la mode éthique, sont opaques et cachent bien de sombres pratiques.

Les bijoux fantaisie sont souvent composés de plastique coloré et sont peu solides, donc régulièrement jetés. Cette production de plastique qui finit à la poubelle sans recyclage est, déjà, un problème environnemental non négligeable quand on sait que la production de bijoux fantaisie pèse 283 millions d'euros chaque année en France.

L’impact environnemental des métaux précieux

Les métaux précieux ont aussi leur lot d'impact négatif. L’extraction aurifère (de l’or) est connue depuis des années comme provoquant de nombreux dégâts environnementaux et sociaux. Tout d’abord, les scientifiques sont tous unanimes pour dire que les réserves d’or et d’argent vont être épuisées d’ici quelques décennies si la production reste constante : l’extraction est irréfléchie et irraisonnée, peu réglementée.

Un autre problème majeur causé par la production d’or est la déforestation. Certaines régions du sud subissent les conséquences des installations conséquentes d’exploitations aurifères sans autorisation officielle. Dans le plateau de Guyane, on estime qu’il y a environ 6000 à 10 000 orpailleurs clandestins. Lors d’une étude publiée en 2017, il a été évalué qu’en Guyane jusqu’en 2015, près de 12 000 ha de forêt amazonienne avaient disparu en lien avec l’orpaillage illégal. De plus lors de l’extraction d’or, la plupart du temps le mercure est utilisé. D’après WWF “Sur la base d’une production illégale estimée à 10 tonnes d’or, de l’ordre de 13 tonnes de mercure seraient annuellement déversées dans  les  cours  d’eau  guyanais”.  Cette  contamination a des conséquences  sanitaires graves  pour  les  populations. En 2015, 90% des populations du Haut Maroni avaient un taux de mercure supérieur à la norme admise.

 

L’or n’est pas le seul matériau qui questionne Le diamant pose également beaucoup de problèmes écologiques et sociaux. L'association DPA* (Diamond Producers Association) a dévoilé dans une étude réalisé par Trucost le bilan socio-économique et environnemental de leur activité d'extraction. En moyenne, 160 kg de CO2 sont émis par carat de diamant taillé. C'est autant que l'impact environnemental de 2,5 smartphones.



Des conditions de travail inhumaines  

En plus d’être catastrophiques pour la planète, les conditions d’extraction des matières premières sont également préoccupantes en matière de droits humains. Les conditions de travail des mineurs sont généralement catastrophiques (rémunération dérisoire, exploitation, risques sanitaires élevés, protection sociale inexistante…). D'après l'UNICEF, dans la cité minière de Bakwa Tshimuna, près de 4 enfants sur 10 âgés de 5 à 14 ans travaillent dans les mines, et ce malgré la loi congolaise qui n'autorise le travail qu'à partir de 16 ans. Ces enfants travaillent pour apporter un complément de revenu et aider leur famille, abandonnant l'école. Cependant pour leur travail, ces enfants ne gagnent en moyenne que deux dollars par jour. 

Le commerce des pierres précieuses, et particulièrement du diamant, est souvent lié aux conflits armés. Le terme "diamants de conflit" (que l'on appelle aussi "diamants du sang") est défini par le Kimberley Process comme "des diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles ou leurs alliés afin de financer des conflits armés visant à déstabiliser des gouvernements légitimes." 

Les conséquences sociales de l'exploitation aurifère sont aussi souvent épinglées par les associations. Dans de nombreuses mines, légales ou illégales, les habitants, dont des milliers d'enfants, sont employés dans des conditions de travail désastreuses. Cette filière concourt par ailleurs au développement de réseaux de prostitution, de trafics d'armes et de drogues. 

En effet, il n'y a pas seulement les enfants qui travaillent dans les mines qui subissent les travers de l'exploitation minière. Certains enfants tiennent des petits commerces autour des mines et vendent de l'eau, de la nourriture voire des faveurs sexuelles. D'après Mypoi Nyambu, membre du comité de gestion de la communauté de Bakwa Tshimuna qui travaille avec l’UNICEF sur le terrain, « les vendeurs adultes des entreprises périphériques emploient des enfants, tout spécialement des filles, pour inciter les travailleurs à venir s’approvisionner chez eux en haricots verts par exemple. Beaucoup, dans le cadre de la transaction, ont alors des rapports sexuels avec les jeunes ».

Un rapide rappel des conditions d'extraction de diamant est proposé par l'UNICEF juste ici, que l'on vous recommande. On t'encourage aussi vivement à reagrder le film Blood Diamond avec Léonardo Di Caprio, qui dénonce le marché des diamants de conflit, c'est-à-dire les diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles ou alliés afin de financer des conflits armés visant à déstabiliser des gouvernements légitimes. 

 

Des solutions ? 

Malgré ce constat peu optimiste, quelques initiatives ont été mises en place afin de s’assurer de meilleures conditions d’extractions. Lancé en 2003, le Kimberley Process rassemble des administrations, des sociétés civiles et industrielles dans le but de réduire l'existence des diamants de conflits. Il est encore aujourd’hui un moyen de prouver qu’un diamant vient d’un pays sans conflit. Cependant il ne fournit aucune garantie ou aucune preuve du lieu de provenance de celui-ci et des conditions de travail sur place. 

Plus récemment le label Fairmined a été crée et atteste de la provenance d’or produit par des mines autonomes, responsables, artisanales et à petite échelle. Il garantit un juste prix pour les minerais, une incitation financière pour couvrir les coûts de l’exploitation minière responsable, l’investissement dans le développement social et la protection de l’environnement. Le label interdit également de faire travailler des enfants dans les mines, diminue voir interdit l’usage des produits chimiques de type mercure.

Enfin, certains pays ont fait le choix d'imposer des règles strictes relatives à l'extraction des diamants. C'est le cas du Botswana qui après son indépendance et grâce à l'intégrité de son dirigeant Seretse Khama, a dégagé de considérables richesses qui ont été réinvesties dans les infrastructures publiques. On peut aussi citer le Canada : lors de la découverte des gisements de diamants ; le pays a mis en place une législation stricte en matière d'environnement, de droit du travail et de traçabilité des diamants. 

Source : 

https://www.lepoint.fr/art-de-vivre/special-joaillerie-le-pari-d-une-joaillerie-ethique-et-durable-04-05-2018-2215772_4.php

https://www.mangoandsalt.com/2017/03/16/joaillerie-ethique-dor-monde/

https://www.challenges.fr/luxe/ecologie-faut-il-croire-aux-efforts-des-geants-du-diamant_655609

https://mrmondialisation.org/extraire-de-lor-de-maniere-propre-cest-lobjectif-dun-nouveau-label-ethique/

https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/02/14/saint-valentin-l-or-illegal-poursuit-ses-ravages_5982049_3244.html

 https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-06/180613_Rapport_Lutte_orpaillage_illegal_Guyane.pdf

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/lead-poisoning-and-health

https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/loyaute-et-securite-des-bijoux-fantaisie#_ftn2

Julia

Article rédigé par :

Julia

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