Rencontre avec Julien Vidal, créateur de ça commence par moi

 

Récemment, nous avons eu le plaisir de rencontrer Julien Vidal, le fondateur de ça commence par moi (le site internet), et ça commence par nous (l'émission de radio). Une rencontre inspirante, que nous avons décidé de partager avec vous.

 

Ca commence par moi, qu'est-ce que c'est ?  

Julien Vidal : "Ca commence par moi est un projet lancé en 2016. A l’origine, un défi : celui de me lancer chaque jour dans une nouvelle action engagée, pour montrer que l'on peut tous être acteurs d'un monde meilleur.

J’ai fais ça pendant un an et aujourd’hui sur le site internet cacommenceparmoi.org on retrouve un catalogue de plus de 365 actions qui montrent qu’on peut tous changer le monde."

 

Quel a été le déclic qui t’a sensibilisé à l’écologie ?

Julien Vidal : "Je n’ai pas eu un seul déclic, plutôt 2 ou 3 je pense. 🤔 Le premier était d’être grenoblois, et donc très lié à la nature. Voir la pollution et des déchets dans les montagnes me choque énormément.

L'autre déclic c'était un jour en voiture, en chemin vers Strasbourg (7 heures de voiture 😕). On était en août 2011 et j’ai entendu qu’on avait déjà atteint le jour du dépassement. Je n’avais pas du tout conscience de ça… L’idée de se dire qu’on a déjà consommé toutes les ressources pérennes produites par la planète m’a mis un sacret coup.

Et puis en 2014 – 2015 j’ai passé 2 ans et demi aux Philippines, et là-bas, le réchauffement climatique c’est tout de suite. C'est d'ailleurs depuis là-bas que l’appel de Manille a été lancé pendant la COP 21. Aux Philippines, ils n’ont plus assez de lettre dans l’alphabet pour renommerles typhons chaque année ! Le fait que ce soit un sujet visible au quotidien dès maintenant chez eux m’a mis une sacrée claque.

C’est ce qui m’a fait me dire en rentrant en France : qu’est ce que je peux faire moi pour changer les choses à mon échelle ? Pour participer à la lutte pour améliorer la situation environnementale ?"

 

Comment as-tu eu l’idée de lancer ça commence par moi ?

Julien Vidal : " Jusqu’à présent, j’avais plutôt une carrière dans l’humanitaire, ce dans quoi j’ai d’ailleurs travaillé aux Philippines. Mon crédo, c’était plutôt la lutte contre les inégalités de développement.

En rentrant de ce projet, j’avais plein de questions en tête : nous (les occidentaux) sommes les plus gros pollueurs et on pâtie du réchauffement climatique avec un mois d’octobre un peu chaud… et à la fois, le discours écologique depuis 30-40 ans a été négatif, catastrophiste voire même carrément culpabilisateur et les gens se sont créés une carapace par rapport à ça, soit en disant "arrête de me souler avec tes trucs ça m’angoisse", soit en disant "de toute manière moi je ne peux rien faire : c’est le rôle de l’état, du gouvernement, des grandes entreprises qui ont le pouvoir…".

Moi ça me tuait d’entendre ça ! Alors je me suis dis : comment est-ce que je peux agir à mon échelle ? Et ce qu’il n’y aurait pas une situation tout simple où on peut agir ? En rentrant en France après 7 ans à l’étranger, je suis entré dans un super marché, et là j’ai vu du bio partout ! 😀Alors que quand j’étais partie, le rayon bio était coposé des galettes de blé ou de riz bjorg et puis c’est tout. Je me suis dis en fait, ça bouge ! On a tous dans notre consommation, dans nos actions, dans nos manières de nous déplacer (co-voiturage par exemple), dans notre manière de s’habiller (friperies) des gestes qui peuvent être mis en place. 

Et donc j’ai décidé de prendre de bonnes résolutions qui allaient vraiment tenir dans la durée. Le coup des 365 actions, je trouvais que c’était pas mal pour me saisir du sujet."

 

Comment rêves-tu de changer les choses ?

Julien Vidal : "Ca commence par moi n’est pas la réponse complète à une société meilleure. Je pense que ça va passer par un mouvement bien plus collectif et décisionnel, bien plus politique aussi sans doute. Et à la fois, il faut commencer quelque part : il faut commencer par balayer devant sa porte sur ces questions là et se mettre en cohérence avec sa propre vie.

Au début je ne pensais pas avoir un impact gigantesque en faisant ça, et je me suis rendu compte que je pouvais avoir un réel impact, en nspirant d’autres personnes, et moi même à mon échelle en passant d'une émission de CO2 classique, 9 tonnes par an, à 2 tonnes par an émises actuellement. 2 tonnes par an, c’est pile poil ce qu’il faudrait pour qu’on soit tous dans ce facteur 4 (la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030 - 2050). En fait, c’est déjà possible en 2017 : on aurait besoin de 0,7 planète pour vivre si tout le monde émettait 2 tonnes de CO2.

Bien sur « vivre comme moi », c’est à prendre avec des pincettes : il y a des gens qui ont des familles, qui vivent en province et pour qui c’est très compliqué de réduire drastiquement leur impact.

 La réduction de nos émissions en CO2, c’est la promesse d’un monde où tout le monde vie de manière décente, mais aussi où on respecte l’environnement. Et puis dans une société où on est en quête de sens et à la recherche du bonheur, je me suis rendu compte qu’en étant en cohérence avec ces valeurs j’étais vachement plus heureux. L’opération 365 actions répondait à beaucoup plus de défis que ce que j’osais réussir à surmonter et c’est pour ça que c’est génial l’impact de sa voix."

 

Comment réduis-tu ton empreinte carbone au quotidien ?

Julien Vidal : "365 actions plus tard c’est assez intense, mais j’ai commencé par les actions qui me plaisaient. Moi par exemple je suis assez accro à tout ce qui est technologie : j’ai commencé à checker comment réduire l’empreinte de ma navigation sur le web, comment diminuer l’emprunte de ma boite mail… des petits gestes qui étaient faciles pour moi. Et puis ensuite je me suis dis tiens, j’aime bien cuisiner : qu’est ce que je peux faire ? Je me suis alors intéressé au végétarisme, au véganisme et à comment je peux faire pour réduire mon emprunte carbone là dessus. Ensuite, je suis passé au sujet de l’habillement : j’ai envie de m’acheter de nouvelles fringues, est ce que j’en ai besoin vraiment ? Comment privilégier le made in France ? Au fur et à mesure de mes besoins, envies, expériences je m’y suis mis.

Le but n’était pas d’attaquer le plus gros problème tout de suite, parce que c’était là où j’avais le plus d’impact. J’ai fais de manière à ce que ce soit facile pour moi, et à chaque fois je me rendais compte que c’était simple, que ça m’apportait énormément de bonheur, et qu’il y avait plein d’autres choses à faire. J’ai commencé à tirer la bobine et après c’est devenu un jeu : le but, c’est que cette histoire de changement ce ne soit pas une frustration ou quelque chose de punitif, mais au contraire quelque chose qui soit un jeu, qu’on s’en amuse. Et puis si un jour on rate un défi, c’est par grave ! Demain, on en aura un nouveau, et donc une nouvelle opportunité de réussir. C’est ça qui est génial avec ces défis."

 

Quel geste écolo a été le plus difficile à mettre en place pour toi ?

Julien Vidal : "Il y a des actions qui mises bout à bout ont du prendre une heure, comme changer de fournisseur d’électricité pour en privilégier un éthique, solidaire et sous forme de coopérative, et ça c’est des choses simples qui ont un poids, un impact énorme.

Par contre, j’ai beaucoup galéré sur des petits gestes du quotidien comme par exemple réussir à toujours avoir des totebag ou des sacs à vrac sur moi pour faire les courses et mettre un terme aux sacs plastiques. Ca a été une habitude très incrustée à changer et ça n’était pas évident.

Il y a des choses hyper simples aussi, l’année dernière j’ai décidé de ne pas prendre l’avion et de partir en vacances en France. Quel plaisir ! Passer du temps en France a découvrir les châteaux, la gastronomie, tout ça c’est génial et hyper satisfaisant."

 

Quel discours négatifs entends-tu le plus souvent ?

Julien Vidal : "On me targue parfois du mythe de l’écolo un peu bobo qui a beaucoup d’argent et qui peut se permettre d’avoir son petit panier en osier, de faire les courses avec son vélo et d’acheter du bio. C’est pas vrai. Mises bout à bout, toutes ces actions me permettent de faire jusqu’à 300€ d’économies par mois. Faire des gestes pour la planète permet aussi de faire des gestes pour son portefeuille. Ces actions là ne sont pas liées à une question de moyen.

On me dit souvent aussi : « j’ai pas le temps, j’ai une famille, un travail qui prend du temps ». Et bien pendant le défi des 365 jours, je passais 2 heures le matin à écrire sur le blog pour raconter mon parcours, mais à côté de ça j’avais bien un boulot, je travaillais 40–45 heures par semaine, j’avais des hobbies, je passais du temps avec mes amis… Et j’ai réussi à mettre en place ce changement de consommation. C’est une question d’organisation. 

Dernière chose, on dit « j’y connais rien, j’ai pas fais de formation là-dedans » : c’est pas grave ! Maintenant, on a accès à toutes ces solutions et à cette information facilement via des blogs, des chaines (Youtube), des collectifs qui organisent des formations, des ateliers et il suffit de se dire allez, je vais y aller. Ce qui m’a beaucoup aidé à tenir, c’est le côté régulier de la démarche. Et de temps en temps, je me disais je vais faire ça plutôt que ça, et je réessayerai cette action plus tard. Je crois que ça c’est important, de faire petit à petit, pas à pas."

 

Un conseil pour ceux et celles qui veulent changer le monde ?

Julien Vidal : "D’abord, savoir quels sont ses hobbies, ce qui nous rend heureux, et se questionner ça en se disant : quelles sont les alternatives sur ces sujets là, qui vont plus dans le sens de l’environnement et des autres ? Commence à creuser et à chercher des alternatives dans les choses qu’on aime.

Autre conseil : pas de stress ! On a tous fait des erreurs, on a tous eu cette vie là jusqu’à présent. Même après ces 365 actions, je me rends compte qu’il y a toujours des choses que je peux améliorer. C’est pas grave !

Le but du jeu est d’avancer et de progresser au quotidien. Il y a encore plein de choses que j’ai envie de mettre en place et je pense que ce sera toujours le cas dans 10–20–30 ans ! C’est ça aussi le plaisir de la chose, de continuer à grandir dans ses actions, sur ces sujets."

 

L’éco-geste du moment qui te fait kiffer ?

Julien Vidal : "J’ai eu la chance en Colombie de travailler sur des projets d’agriculture urbaine. Ces derniers temps, je travaille beaucoup sur la question de comment faire pousser mes trucs moi-même. J’ai un appartement à Paris, une jardinière de 1 mètre de long et 30 cm de large et j’adore ça ! Je fais pousser des avocatiers, un peu d’aromates… ça, ça me plait bien et ça me permet de me questionner sur d’où viennent les plantes ? D’où viennent les semences ? Ce sont des questions qu’avant je ne me posait pas particulièrement et je prend du plaisir à affiner ma compétence là-dessus.

Autre chose : je me questionne sur le café et j’ai découvert ce que c’est qu’un bon café. J’ai découvert par exemple le café de sarrasin, qui vient de Bretagne. C’est hyper bon ! Pareil pour le vin. En France on est très bon pour le vin mais c’est dans la région Bordelaise qu’on consomme le plus de pesticides. Est-ce qu’il n’y a pas d’autres alternatives comme le vin naturel et biodynamique ? C’est hyper intéressant et moi j’adore, ça permet de découvrir de nouvelles saveurs."

 

Ca commence par moi, aujourd’hui c’est quoi ?

Julien Vidal : "Jusqu’au 31 août 2017, ça commence par moi ça a été les 365 actions. Aujourd’hui c’est plein de choses en plus : une émission de radio diffusée sur la radio Raje tous les samedi à 13h, où j’invite des personnes inspirantes qui portent des projets fascinants et qui nous donnent chaque semaine plein d’idées très concrètes qu’on peut mettre en place dans son quotidien. Ca commence par moi va aussi être un livre, qui devrait paraître d’ici la fin de l’année. On organise aussi des ateliers, pour venir vivre cette question du changement en direct en 2018, et je vais avoir besoin du maximum de personne. L’idée : que toutes ces personnes qui ont envie de changer le monde au quotidien arrêtent d’être des moutons noirs et au contraire puissent rayonner et devenir des personnes qui permettent que ces thématiques là soit prises du « bon pied », avec bienveillance et positivisme, pour influencer d’autres personnes et créer un effet boule de neige. C’est mon souhait pour 2018."

 

Elise Raluy

Article rédigé par :

Elise Raluy

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