Les coulisses de l’industrie des cosmétiques
Sous le packaging, les molécules.
C’est bien connu : ce qui fait la qualité d’un soin, c’est la qualité des ingrédients qu’il contient. Mais lorsque l’on choisit une crème ou un sérum hydratant, nourrissant, protecteur ou régulateur, comment savoir quel est son impact sur notre santé et sur la planète ?
Commençons par comprendre ce qui compose nos cosmétiques. Mis à part les parfums, la plupart des produits cosmétiques sont des émulsions : un mélange d'eau et d'huile, rendus homogènes grâce à la présence de tensioactifs. Les cosmétiques sont composés des ingrédients suivants, par ordre d'importance.
Sommaire
- D'abord, la phase hydrophile : les liquides
- Ensuite du gras, la phase lipophile
- Des tensioactifs, pour faire mousser et mélanger les deux phases
- Des ingrédients actifs
- Des additifs
Eau, glycérine
Une crème de soin peut contenir de 60 à 85% d’eau, selon l’Observatoire des Cosmétiques. Elle est utilisée pour diluer au bon dosage les composants actifs des cosmétiques. On peut bien sûr s'en passer, lorsque l’on décide d’opter pour des cosmétiques solides.
La glycérine, sous-produit de la réaction de saponification utilisé pour ses propriétés hydratantes, fait aussi partie de la phase hydrophile des cosmétiques. À moins d’être chauffée à très haute température, peu de risques de toxicité jusque ici.
Huiles minérales ou végétales, silicones.
Les corps gras ou huiles rendent les cosmétiques hydratants, nourrissants et protecteurs pour la peau. Il existe deux familles de corps gras :
- les minéraux (appelation INCI « parafinum liquidum »)
- les végétaux, aussi appelés naturels (huiles, cires et beurres végétaux).
Les huiles minérales sont composées d’ingrédients d’origine fossile (obtenus à partir de charbon, pétrole brut ou gaz naturel). Les huiles minérales les plus fréquemment utilisées sont la vaseline, la paraffine et l’huile de paraffine, issues de résidus de l’industrie pétrochimique. Les huiles végétales sont issues de la culture d’une plante.
Huiles minérales ou végétales ? Que choisir pour sa peau ?
L’huile minérale est un ingrédient inerte qui demeure en surface de la peau et ne la pénètre pas. Elle protège la peau, notamment en cas de grand froid, mais elle bouche les pores. Elle est comédogène et occlusive. Lorsqu’une huile minérale n’est pas de bonne qualité, elle peut contenir des Composés Aromatiques Polycycliques (CAP) qui sont cancérigènes.
On préfère donc les huiles végétales, que l’on choisira en fonction de leurs propriétés : huile de jojoba, huile de coco, huile d’avocat, huile d’onagre, huile de noisette, d’argan ou de rose… cf. Notre article huiles végétales par type de peaux.
Pourquoi choisir une huile végétale bio ?
Choisir une huile végétale biologique, c’est s’assurer de sa qualité. Les huiles végétales biologiques choisies sont des huiles vierges de premières pression à froid. Elles sont pures, non raffinées, non chauffées (ce qui dénature ses composants) et non désodorisées.
Huiles minérales ou végétales : quel impact pour la planète ?
Les huiles minérales, qui sont d’origine fossile, ne sont pas biodégradables et assimilables à l’environnement après usage. Les huiles végétales sont donc souvent conseillées d’un point de vue environnemental, en raison de leur origine végétale et de leur capacité de renouvellement.
Cependant, la monoculture agricole (zoom sur l’huile de coco) et la répartition injuste de la valeur pour les populations locales (exemple de l’huile d’argan), nous rappellent que ce n’est pas parce qu’un produit est issu de la terre qu’il est cultivé de façon éthique et durable. Pour s’en assurer, on vous conseille de vous appuyer sur des labels, et des initiatives transparentes sur leur processus de production ainsi que sur ses fournisseurs.
Et les silicones, on en pense quoi ?
Les silicones sont reconnaissables par leurs appellations se terminant souvent en ”xane”, ”ane”, ”thicone” ou ”thiconol”. Ils favorisent l’étalement et créent un toucher doux, une sorte couche lissante – et occulsive - qui vient tapisser les pores et cacher le grain de peau. S’ils peuvent participer à protéger la peau contre les agressions extérieures, ils ne permettent pas de la réguler.
Les silicones dont l’appellation indique « Cyclo » sont des perturbateurs endocriniens et ont des propriétés cancérigènes. Pour les autres, nous manquons encore d’études à leur sujet.
Outre l’impact sur la santé des silicones, ces substances sont aussi toxiques pour notre planète : ils font partie des fameuses microbilles de plastiques très difficilement dégradables, qui polluent les océans. Conclusion : on les évite !
3. Des tensioactifs, pour faire mousser et mélanger les deux phases
Sulfates, sodium, rhassoul
Les tensioactifs sont des molécules qui servent de lien entre la partie grasse et la partie aqueuse des émulsions. Ils ont des propriétés moussantes, dégraissantes, détergentes et antiseptiques. Parmi eux, on retrouve les fameux sulfates.
Tensioactifs : bon ou mauvais ?
Les tensioactifs sont nécessaires à la tenue d’un produit cosmétique. On leur reproche néanmoins d’être parfois irritants, et souvent polluants.
Comment choisir un tensioactif peu agressif pour la peau ?
Dans la grande majorité des cas, les tensioactifs agressifs voire irritants font partie de la famille des sulfates. Ils peuvent aussi être des dérivés d’ammonium quaternaires. Difficilement dégradables, ils polluent les fonts marins. On les trouve désormais sous formes d’embruns marins sur tout le littoral méditerranéen.
Le cas du SCI (Sodium Cocoyl Isethionate)
Utilisé dans les shampoings solides, le SCI a souvent été revendiqué comme l’ingrédient miracle. S’il est plus naturel et doux que ses cousins les sulfates, il n’est tout de même pas parfait. Le SCI est constitué à partir d’acide gras d’huile de coco, naturel mélangé à de l’acide isethionique, un composé obtenu grâce à l’oxyde d’éthylène, toxique pour l’homme. Cela en fait un produit polluant à fabriquer, et non biodégradable.
Finalement, c’est le SLMI (Sodium Lauroyl Methyl Isethionate) qui semble être aujourd’hui le plus recommandable. C’est un tensioactif extrêmement doux, très bien toléré par la peau, avec un très bon pouvoir moussant. Non toxique et d’origine végétal il est biodégradable et considéré comme l’un des plus sûrs du marché. L’autre solution est d’utiliser des poudres lavantes naturelles comme le rhassoul et le shikakai.
4. Des ingrédients actifs
Vitamines, acides de fruits… ce sont les ingrédients miracles, ceux que les publicités sur les cosmétiques vantent le plus. Parmi les différents ingrédients actifs, on privilégie les acides de fruits, comme l’acide glycolique (extrait de canne à sucre, de betterave ou de raisin). Ces acides permettent d’accélérer le renouvellement cellulaire par un effet d’exfoliation chimique naturel : ils éliminent les cellules mortes et laissent place à une peau plus éclatante et des cellules régénérées. Comme les gommages, on fait attention à ne pas en abuser, au risque de sensibiliser sa peau.
5. Des additifs
Conservateurs, antioxydants et colorants
- des conservateurs pour éviter que le produit, humide, ne se détériore rapidement : parabens, éthanol, acide sorbique ou huiles essentielles. On privilégie les huiles essentielles, connues pour ajouter à l’efficacité d’un soin. Attention tout de même : ce sont des ingrédients très actifs, très stimulants, qui ne sont pas toujours bien tolérés par les peaux sensibles. Il est important de faire un test de sensibilité avant d’en utiliser, et de les éviter totalement si l’on est enceinte. Le benzoate de sodium et le sorbate de potassium sont les 2 conservateurs utilisés côté formulation bio. Ces deux-là font bien leur job, tout en garantissant une tolérance plus élevée que les huiles essentielles (qui peuvent poser problème aux peaux très sensibles.)
- des antioxydants qui empêchent le rancissement des produits: Vitamines E et C (d'origine naturelle), BHT et BHA (d'origine synthétique). On choisit les antioxydants naturels, dont les propriétés actives ont un effet positif sur la peau contre le vieillissement, et on évite les substances chimiques controversées, suspectées d’être des perturbateurs endocriniens au potentiel cancérigène (en particulier pour le BHA).
- des colorants naturels ou synthétiques. Ces derniers sont regroupés et catalogués dans le Color Index (CI + 5chiffres). On évite absolument les pigments chimiques (composés d’éléments comme le carbone, les chromates de plomb, les oxydes de zinc, les dioxydes de titane, le sulfure de cadmium, ou encore les oxydes de fer), connus pour être des perturbateurs endocriniens, soupçonnés d’être cancérigènes. On privilégie les pigments organiques non animaux (issus de plantes, de fleurs…), repérables par leur nom en latin.
Alors, comment faire pour mieux choisir ses cosmétiques ?
Au moment de faire son choix :
- on garde en tête la liste des ingrédients à éviter
- on privilégie les composants naturels, les listes d’ingrédients courtes et les noms latins (qui indiquent des ingrédients naturels et non synthétiques).
- on choisit des cosmétiques sur lesquels on a un maximum d’informations sur la provenance des matières, ingrédients végétaux inclus.
Article rédigé par :
Claire Chouraqui
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