Quels produits devons-nous absolument acheter "made in France" ?
On l’entend : consommer local réduit l’impact écologique de la production, soutient également l’emploi en France et valorise les savoir-faire de nos régions.
Pourquoi est-ce si important aujourd’hui ? Quels sont les secteurs d’excellence française qui ont disparu, et pourquoi ? Quels sont les produits dont nous devons favoriser la consommation “made in France” pour relancer l’industrie ? Quand acheter français devient un acte militant : explications.
Une industrie française disparue
Depuis la fin des années 70 et jusqu’aux années 2000, le secteur industriel a perdu 36 % de ses effectifs, soit plus de 2 millions d’emplois. Les raisons ? L’externalisation à outrance pour sur-optimiser la production, les évolutions techniques qui ont réduit les besoins de main d’oeuvre et changé les modes de vie donc de consommation, et la concurrence étrangère (européenne ou pays émergents) qui expliquerait “entre un tiers et la moitié de ces destructions d'emplois sur la période récente (2000-2007)” selon le rapport Gallois. Baisse de parts de marchés, faillites, délocalisations ont été les conséquences directes de cette concurrence mondialisée.
La délocalisation par exemple, permet non seulement à l’entreprise de baisser ses coûts de production (sans baisser ses prix de ventes) grâce à une main d’oeuvre moins chère, mais aussi de produire plus, grâce à une législation plus souple des pays émergents, notamment du point de vue environnemental...et sanitaire.
Les jeux et jouets, dada des Français
Le marché du jeu et jouet est phénoménal en France : il représente 3,5 milliards d’euros de chiffres d’affaires par an (baromètre NPD/LSA). En 2015, 220 millions de jouets étaient vendus dans l’Hexagone, avec une dépense moyenne de 295€ par enfant. Nous sommes le pays européen le plus consommateur de jouets et pourtant, seuls 7% d’entre eux sont fabriqués en France. Le secteur a perdu plus d’un tiers de ses entreprises au début des année 2000. Aujourd’hui, 65 % des jouets achetés en France viennent de Chine (source ACFJF), toujours pour des raisons économiques : la fabrication de jouets est gourmande en main d’oeuvre, et la souplesse des législations asiatiques permet des processus de production moins chers car moins contraignant en termes d’impact écologique (pollution créée, déchets produits, ressources utilisées), mais aussi en termes de risques sanitaires.
En effet, outre la perte d’emplois en France et l’impact environnemental du transport de ces milliards de jouets - et c’est déjà beaucoup-, c’est le point de vue sanitaire qui inquiète. Le Professeur Alfred Bernard, toxicologue, expliquait à radio TBF en 2011 "En Europe, le risque qu’un produit toxique se retrouve dans les jouets pour enfant est très faible, du fait de la réglementation stricte pour la fabrication des jouets.Il faut cependant être attentif aux jouets importés, et notamment à ceux venant de Chine."
Une étude de la WEFC en France en en 2009 publiée dans 60 millions de consommateurs révélait que de nombreux jouets testés contenaient phtalates, bisphénol A, formaldéhyde et xylène, trouvés notamment dans la colle et les parfums de ces objets : certains d’entre eux sont pourtant interdits dans la composition des jouets. Les phtalates par exemple, sont des plastifiants dérivés de l’acide phtalique, une substance irritante pour les yeux et les voies respiratoires. En 2018, l’Agence Européene des Produits Chimiques (EPHA) estimait que 20 % des jouets en plastique contenaient encore des phtalates.
D’autre part, si les jouets sont contrôlés en Europe, cela concerne uniquement leurs composants : ils ne sont pas testés en condition d’usage, par exemple une assiette en plastique pour enfant qui pourrait être chauffée.
Les jouets français ET en matières saines et durables doivent être soutenus pour plusieurs raisons : créer de l’emploi en France en valorisant ce savoir-faire, limiter l’impact environnemental de la fabrication de jeux, préserver la santé de nos enfants.
La bonne nouvelle, c’est que le jouet français gagne du terrain depuis quelques années avec une part de marché de 11,5 % contre 9 % en 2015. Continuons !
Des marques de jeux et jouets français à soutenir :
Clip It, jeux de construction zéro déchet qui lutte, en plus, contre la pollution plastique
Fabulabox, des constructions en papier à colorier et monter soi-même pour s'inventer plein d'histoires
Les petits radis, des kits de potagers pour enfants et d'activités nature fabriqués à à Villeneuve d'Ascq.
Les Jeux de Loïc, distributeur qui regroupe une large gamme de jeux et jouets fabriqués en France allant du jeu de société pour adulte à la dînette en bois en passant par les jeux de construction et les hochets.
Le bois, ressource naturellement française
La France est la 4ème surface forestière d'Europe et regorge de plus de 60 essences. La filière du bois emploie 400.000 personnes. La forêt française est pourtant sous-exploitée, souffrant d’un paradoxe notoire : 75% de nos arbres sont des feuillus (comme le chêne, le hêtre), mais nos scieries scient pour 80 % d’épineux (comme le pin, l’épicéa, le Douglas). Les feuillus Français partent donc vers la Chine pour y être sciés, avant de revenir en France. Aujourd’hui, 25 % des chênes français sont exportés, ce qui prive nos scieries de cette matière première. Selon la Fédération Nationale du Bois « Les scieries de chêne fonctionnent à 60 % de leurs capacités par manque de matière première. Certaines sont déjà au chômage technique ou en horaires réduits »
Pourtant, demande de bois en France est accrue : nous importons pour plus de 6 milliards d’euros de produits en bois par an. “C’est comme si on exportait le raisin avant de faire le vin !» résumait un scieur auprès de Libération en 2016.
Favorisons les objets en bois français transformés sur place, pour redynamiser la filière et réduire l’impact environnemental de notre appétence pour le bois : nos forêts ont largement de quoi faire !
Des marques qui travaillent en France le bois français et éco-certifié :
Reine Mère, créateur de mobiler et décoration en bois issu de forêts éco-gérées
Création Chataîgner, mobilier en bois provenant de l'exploitation durable du Parc Naturel Périgord Limousin.
Tournabois, artisan fabriquant d'ustensiles de cuisine sains et durables
L'horlogerie, victime de la technologie
95 % des montres vendues dans le monde proviendraient de Chine, selon le journal économique Capital. Depuis la fin du Moyen-Âge jusqu’aux années 70, la France était, avec la Suisse, un pays horloger incontournable ! Le secteur employait 50.000 personnes à l’époque, contre 3.000 aujourd’hui martèle Florian Chosson, créateur qui entend relancer la filière des montres made in France.
Les raisons ? L’essor d’autres secteurs industriels dans les années 60, la crise pétrolière et économique de 1973 et l’invention de la montre à quartz, tournant pris tardivement par les créateurs français qui souffrent alors de la concurrence installée entre-temps sur le marché. Dernier coup dur pour l’horlogerie : les évolutions technologiques avec le développement de l’heure intégrée à tous nos équipements électroniques, allant du four au téléphone en passant par la voiture...sans oublier la montre connectée.
La montre mécanique est alors relayée au rang d’accessoire de mode, et non plus un bien de première nécessité.
Pour soutenir la reprise de la filière, commençons par encourager les initiatives qui fabriquent au maximum en France (comprenant des matériaux française) avec cependant des mécanismes Suisse, comme la marque D.W.Y.T. Avec l'ambition qu'un jour, l'horlogerie française reprenne du service.
Le textile, fierté nationale perdue
Enfin, c'est bien évidemment le secteur textile, autrefois spécialité française, qui a quasi-totalement disparu de l'Hexagone à partir des années 70. Nous avons réalisé un article complet sur le sujet qui expose les raisons spécifiques du déclin de l'industrie textile, et indique quels sont les vêtements et matière à favoriser en "made in France" et pourquoi.
Article rédigé par :
Cécile P.
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