Comment vivre avec ses convictions...et ses paradoxes ?
On fait de notre mieux : on essaie d’acheter local au maximum, de manger végétarien, de prendre les transports en commun… Pourtant il y a toujours quelqu’un, ou quelque chose qui nous met en face de nos paradoxes. “Tu es végétarien·ne mais tu portes des chaussures en cuir ?” “Tu achètes local mais tu voyages en avion ?”
A l’heure d’internet, les critiques sont très vives et désinhibées, les gens se concentrent souvent plus sur le négatif que sur les efforts fournis par quelqu’un. Au lieu d’encourager, on pointe du doigt. Quand ce n’est pas les autres, c’est parfois notre propre conscience qui nous fait son auto- critique et nous remets en question. Comment se revendiquer écolo quand notre péché mignon est le maki à l’avocat ? Quand on cumule les appareils électroniques ?
Nos convictions, guidées par nos valeurs, sont parfois (brutalement) confrontées à la réalité du quotidien. Alors, comment bien vivre avec nos contradictions quand elles heurtent nos convictions ?
1. Lâcher prise et abolir la culpabilité
"J'ai commandé des sushis, je suis un.e piètre écolo" "J'ai pris un sac plastique car je n'avais pas mon sac-à-vrac, quelle horreur " "Je pars en voyage en avion, j'ai honte"
Personne n'est parfait, ni ne doit l'être à chaque instant. La culpabilité mène à un sentiment négatif d’impuissance, ce qui peut être contre-productif et entraîner le rejet ou l'abandon. Alors on lâche prise, et on fait de son mieux.
Nous ne sommes (heureusement) pas coupables des actions des générations passées, ni de nos habitudes néfastes quand nous n'en étions pas conscients. Et si nous sommes en revanche responsables de nos actions quotidiennes en conscience, il est important de garder en tête que les plus gros changements ne peuvent et ne doit venir que de nos gouvernements et de nos entreprises. "A quoi sert l'action individuelle dans ce cas ?!". Elle reste indispensable, car elle participe à un changement sociétal profond en poussant les entreprises et le Gouvernement à suivre la demande citoyenne.
La preuve : l'Affaire du Siècle, action en justice menée contre l'état par 4 associations et soutenue par 2,3 millions de signatures de citoyen.ne.s a eu gain de cause en début d'année 2021 : l'Etat a été condamné pour "inaction climatique" et sera bientôt, nous l'espérons, contraint par la justice d'engager des actions concrètes en faveur du climat. Un événement historique et inédit qui n'aurait jamais pu exister sans le poids de ces 2,3 millions de citoyen.ne.s !
2. Se détacher des autres
Personne n’est parfait, pas même cette personne qui fait de grandes leçons de morale sur vos faits et gestes, alors pas la peine de (se) mettre la pression pour être l·e·a parfait·e militant·e écologique. On agit soi-même, pour soi avant tout, en fonction de ses moyens et de ses possibilités qui évoluent tout au long de la vie.
Se rappeler aussi qu'on est pas tous égaux face à l'écologie et aux possibilités d'actions (possibilités psychologiques, intellectuelles, physiques, matérielles, géographiques, d'accès....), mais que les efforts des uns dans un domaine sont complétés par les efforts des autres sur un plan différent. " Je ne consomme plus de mode conventionnelle, mais je suis toujours chez EDF" : c'est sans doute l'inverse chez le voisin !
3. Voir le chemin parcouru et relativiser
On ne peut pas mener toutes les batailles à la fois, et il est nécessaire d'accepter que le changement prenne du temps. Plutôt que de se ronger de culpabilité (tiens tiens, encore elle), parce que l'on prend parfois l'avion ou qu'on n'a pas encore son potager en permaculture, observons plutôt le chemin parcouru depuis la prise de conscience.
Acheter moins, remplacer ses cosmétiques conventionnels par des versions solides, privilégier les aliments de saison et locaux, se renseigner sur une AMAP du coin, offrir son premier cadeau éthique, investir dans un vêtement made in France : autant de petits pas qui comptent et qui font relativiser quand on compare nos nouvelles habitudes à notre vie d'avant !
4. Célebrer les (petites) victoires
Ca y est, tu t'es équipé.e en alternatives lavables ? Tu t'es inscrit.e à une AMAP locale ? Tu as trouvé (presque) tous tes cadeaux de Noël dans des shops responsables, ou tu les a emballé sans déchet ? Félicite-toi et savoure ce nouveau pas ! Profite du sentiment de joie et de fierté qui nous anime quand on a trouvé l'alternative éthique à notre besoin : un équipement technique de seconde main, un moyen de transport écolo, un cadeau responsable, un meuble français pour son nouvel appartement...
"Mon entourage me dit souvent "Ca doit être parfois frustrant de consommer responsable...". C'est au contraire un plaisir pour moi : rien ne me met plus en joie que de trouver une alternative à moindre impact qui répond à mon besoin, comme quand je me suis équipée entièrement pour un voyage à vélo grâce à la seconde-main, le zéro déchet et le made in France. Trop fière !" d'après une membre de la Dream Team.
5. Accepter et assumer ses paradoxes
Avoir confiance en ses choix et assumer ses convictions, ses paradoxes et son imperfection auprès de soi et des autres : c'est la clé d'un état d'esprit apaisé.
"Avant, je me mettais la pression pour rentrer dans la case de la végétarienne parfaite, alors même que j'avais parfois envie de manger de la viande ou du poisson...Je m'en empêchais pour ne pas paraître incohérente vis-à-vis de mon propre regard, mais surtout celui des autres. Aujourd'hui, je refuse d'entrer dans une case avec son cahier des charges : je consomme comme je le veux au moment où je le veux, en pleine conscience et en accord avec mes convictions profondes et mon envie au moment t. Quand un choix est moins éthique qu'à l'ordinaire, je l'assume et m'en sens beaucoup plus libre. Ca n'a pas fait exploser ma consommation de produits animaux pour autant : simplement, je m'écoute davantage et je suis douce avec moi-même."
6. Mettre de la conscience dans tout ce que l'on fait
L'essentiel pour une consommation plus responsable : la conscience.
Lorsque l'on met de la conscience dans nos actions, on reprend la responsabilité de nos actes. On ne subit plus sans savoir, on choisit en tout état de cause. Et cette responsabilité donne de l’élan pour agir et permettre le changement : je suis maître de mes décisions, j'ai donc du pouvoir sur mon environnement ! L'expression "pouvoir d'achat" prend tout son sens car nos choix ont de l'impact, et notre porte-monnaie est un outil de vote autant que notre bulletin.
Quand on agit en conscience, on se pose des questions et si les réponses ne nous conviennent pas soit on cherche celles qui nous conviendront, soit l'on agit en toute conscience, et non plus en fermant les yeux pour ne pas voir ce qui se joue.
"Être conscient, c'est avant tout se poser des questions puis accepter notre choix face aux réponses : où a été fabriqué ce pull ? Par qui ? Quelle est sa matière et l'impact de celle-ci ? Est-ce que cela correspond aux vibrations que j'ai envie de porter sur moi ?" nous disait Ilia Renon, créatrice de contenus engagés.
7. Rester en mouvement dans ce qui nous stimule
Une bonne façon de bien vivre avec ses paradoxes, c'est d'être dans une démarche de progression en continu et de toujours investir son énergie dans ce qui nous stimule. C'est toujours le principe du pas à pas, guidée par ce qui nous fait plaisir. Motivée par la traque du plastique et des déchets ? Passionnée par les cosmétiques et leurs effets ? Fan de mode souhaitant garder du style, mais avec éthique ?
Peu importe le domaine, il n'y a rien de futile : foncer à fond dans ce qui nous plaît est le meilleur des moteurs pour se lancer. Et pour tenir sur la durée, l'idée est encore une fois de ne pas tout renverser d'un coup, mais de viser l'amélioration constante pour rester en mouvement, et faire mieux toute au long de sa vie. Belle perspective, non ?
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Article rédigé par :
Cécile P.
Annabelle P.
Merci beaucoup pour ces conseils et cet article précieux, c'est vrai qu'il n'est pas simple de ne pas culpabiliser dès lors que notre consommation n'est pas 100% écologique ou comme on le souhaiterait. C'est une bonne approche que de faire chacun à son échelle, selon ses moyens, petit à petit, et surtout de prendre conscience des conséquences de nos choix. Merci !