La triste vérité sur la livraison "gratuite"

Avec 37,5 millions de Français qui achètent en ligne et chaque année, ce sont 500 millions de colis qui sont livrés tous les ans. Depuis plusieurs années, la « gratuité » de la livraison pour le client est devenue la norme : elle concerne 1/3 des achats en ligne. 

Comment un service aussi énorme peut-il être gratuit… sans que quelqu’un en paie le prix ?

Explications du problème urgent que pose la livraison "gratuite" et la décision prise par Dream Act en conséquence.

 

La livraison est-elle vraiment "gratuite" ?

La livraison est un service, complexe qui plus est : logistique, collecte, tri, livraison, retours...

Au départ de l’e-commerce, son paiement était compris et accepté de tou.te.s. Si aujourd’hui les frais de port sont régulièrement "gratuits", c’est parce que les géants de la distribution en ligne cherchent à capter le plus de clients en proposant un avantage. Résultat : une norme apparaît, et tous les acteurs doivent s’aligner pour ne pas mourir face à une concurrence qui l’a déjà massivement adoptée.

Aucun service n’est gratuit. Quelqu’un en prend forcément la charge : le.a client.e, la marque ou le distributeur (comme Dream Act), mais aussi le salaire réduit du livreur. Les frais de port sont ce qu’on appelle des frais incompressibles. Ils existent, ils sont fixes, ils ne peuvent pas baisser. Ainsi, l'expression « frais de port offerts* » est plus juste.  

"En moyenne sur 12 mois, un colis me coûte un peu plus de 13 € en frais de port : ce sont les frais réels. Parfois ils sont offerts et, même lorsqu'ils sont facturés 4.9 €, ce que l'on prend en charge gomme parfois entièrement la marge dégagée sur la vente." Loïc, fondateur de la marque de jouets locaux Jeux de Loïc.

 

Le cadeau des frais de port, un impact conséquent sur la petite marge des marques éthiques

Pour pouvoir « offrir » les frais de port, quelqu’un doit rogner sur sa marge, c’est-à-dire sa rémunération. C’est ce qu’il se passe chez Dream Act : nous acceptons de rogner nos marges afin de nous aligner sur les pratiques concurrentielles dans le but de faire connaître nos produits éthiques et que toute l’économie solidaire se développe. 

"Nous avons eu beaucoup questions au sujet de nos frais d'envoi : ils constituent une part importante de nos frais. Nous préférons garder des marges réduites et ne pas augmenter le prix des produits pour couvrir ces frais, mais plutôt facturer au réel le coût de ces frais." Florence, créatrice engagée de la marque zéro déchet et made in France Alterosac.

Réduire sa marge pour absorber les frais de port est un « effort » acceptable à partir de certains montants où la balance reste relativement équilibrée… ou un véritable frein au développement quand on ne s’y retrouve pas. Chez Dream Act, suivre cette concurrence a été une erreur qui nous a coûté 25% de notre chiffre d'affaires chaque année. Malgré nos 5 ans d'existence, nous ne sommes pas encore une entreprise rentable à cause de la charge des frais de port. En comparaison, les frais de port offerts par Amazon ne représentent que 2% du CA de ce géant.

Aujourd'hui, notre politique de frais de port change pour péreniser notre activité et poursuivre notre mission de démocratiser la consommation responsable. Nous offrons à présent la livraison à partir de 60€ par marque éthique, et non plus par panier : c'est notre prix juste à nous.

Si le but d'une entreprise de l'économie sociale et solidaire comme Dream Act n'est pas le profit - c'est inscrit dans nos statuts -, il demeure néanmoins indispensable de gagner suffisamment d'argent pour créer des emplois, payer les salaires, investir pour développer notre impact.

"Frais de ports gratuits", une pratique en trompe l'oeil

Enfin, il faut compendre que si les grandes enseignes peuvent offrir les frais de port à tout va, c'est à la fois grâce à leur marge exhorbitante qui en absorbe l'excédent, mais aussi par le biais de pratiques trompe-l'oeil. Amazon accusait par exemple 7 millions de dollars de perte en raison de la livraison offerte aux abonnés Prime : une somme dérisoire sur les 386 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisé en 2020 par le mastodonte.

Technique n°1 : proposer un abonnement "prime"

Il s'agit de proposer au client.e de s'abonner en payant une somme fixe une fois par an, pour ensuite bénéficier des frais de port "gratuits" toute l'année. Pour rentabiliser le paiement de son abonnement, le.a client.e va donc multiplier les achats au lieu de privilégier parfois des petits commerces par exemple... Un moyen de détourner de bien faire payer des frais de port (l'abonnement), mais aussi de pousser à la surconsommation.

Technique n°2 : intégrer les frais de port au prix de vente

Le prix de vente du produit intègre un « forfait » pour l’affranchissement, et n’est donc pas calculé aux frais réels. C’est parfois au détriment du client qui, s’il choisit plusieurs exemplaires d’un même produit, paiera in fine plus cher que s’il avait payé les frais de port à part !

Exemple :

Un affranchissement coûte 2€ pour 100g et 3€ pour 200g.

Un produit de 100g est vendu 5€ et son affranchissement pour ce poids coûte 2€

En l’intégrant au prix de vente, mon produit passe à 7€ + livraison offerte.

Si le.a client.e choisit deux exemplaires, cela lui revient à 14€. Alors que s’il.elle avait payé les frais de port à part, indexés sur le poids du colis, cela lui aurait coûté (5€x2) + 3€ = 13€

 

Technique n°3 : passer par une logistique exploitatrice 

Les géants choisissent (ou créent) des logistiques qui exploitent les salariés. Par leur poids dans le paysage industriel, ils peuvent faire pression sur les prestataires de livraison pour en baisser les tarifs "le voisin me propose moins que toi : tu t'alignes ?" Pour défier la guerre des prix bas, on demande toujours plus de travail aux salariés pour équilibrer les comptes. Les livreurs sont alors forcés à tenir des cadences extrêmement difficiles, parfois à malmener les colis pour tenir le rythme...pour des salaires au lance-pierre. On vous le dit : quelqu’un en paie toujours le prix.

Ça ne vous rappelle rien ? Nous si : les pratiques de la fast-fashion et de la production à bas prix en général.


Ces techniques sont bien sûr cumulatives ;) 

 

Enfin, pour réduire les coûts et pouvoir offrir la livraison, l’industrie évolue en créant des entrepôts de logistiques gigantesques et en investissant des camions énormes pour massifier la livraison au maximum et encore réduire les coûts. Cela signe la mort des petits prestataires, comme le souligne Antoine Cardon, délégué général syndicat national des transports légers. 

 

Nos règles d'or chez Dream Act :

Parce qu'être un e-shop responsable ça n'est pas QUE vendre des produits éco-responsables !

  • Informer les client.es sur cette réalité : la livraison est un service. Tout service a un prix et mérite d'être rémunéré.
  • Remettre le paiement des frais de port comme étant la norme, pour que chacun puisse vivre de son travail.
  • Favoriser l'achat en lot et les commandes groupées : et si l’on refaisait le stock de cosmétiques entre proches ?

...mais aussi abolir la livraison express et améliorer l’écologie des emballages et diminuer le vide. On vous explique pourquoi ici. 

Cécile P.

Article rédigé par :

Cécile P.

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