Pourquoi la livraison express pose problème?

37,5 millions de Français achètent 500 millions de colis qui sont livrés chaque année.

Face à la concurrence accrue du e-commerce, les enseignes proposent à présent des livraisons réalisées en temps record « avant midi », en « 24h », « sous 48h »... Comment les grandes enseignes réalisent l’exploit des livraisons en quelques heures, et quelles en sont les conséquences ?

Retour sur l'impact écologique du transport en France, et sur comment le phénomène "express" aggrave la situation. 

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Le transport, premier émetteur de CO2

20 % des émissions carbones sont liées au trafic des poids lourds en France et un quart des émissions de CO2 émis en ville est dû au transport de marchandises. Cela représente 1 million de tonnes de CO2 par an pour une ville de la taille de Paris, d’après Jérôme Libeskind dans son ouvrage Logistique urbaine. 

Ce phénomène de plus en plus problématique est empiré par :

  • Le volume des emballages  : 43% du contenu dans les emballages de protection n’est que du vide. L’emballage nécessaire pour protéger un produit entraîne une forte consommation de matière et  implique également le transport de beaucoup « d’air ». Le taux de vide dans les colis se situe à 43% selon DS Smith, industriel du carton. Selon lui, on pourrait réduire cet espace et économiser 61 millions de containers par an.
  • Les échecs de livraison, c’est-à-dire les multiples présentations au domicile lorsqu’un client n’est pas là du premier coup (20 à 25% des livraisons). En 2018, 20 millions de colis auraient ainsi été distribués une seconde fois en France.
  • Les retours : 24% des colis sont retournés par des clients insatisfaits, soit environ un produit sur six. Ce chiffre augmente dans le secteur de la mode : on constate 8 millions de retours par an en France rien que pour le commerce de chaussures.

  • Et, depuis quelques années, l’aberration des « livraisons express » : 70% des clients Amazon sont livrés en 24 heures dans le monde.

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La livraison express, désastre écologique 

En effet, ces livraison ultra rapides ne cherchent pas l'optimisation, mais bel et bien la rapidité : un camion quasi vide peut alors faire un Marseille-Lille en une nuit.

Tout d'abord, avant ou à la place du transport routier, il y a souvent évidemment le transport aérien ou le fret qui contrairement à ce que l'on croit, sont de plus en plus utilisés même en interne sur un territoire. « Une tendance qui s'explique en grande partie par l'explosion du e-commerce et le diktat de la livraison express à J+1 à domicile, en provenance en majorité de Chine et des pays asiatiques » confirme Arnaud Doré, directeur associé Europe du Sud chez EcoAct.

Car même si les prestataires disposent d’entrepôts de stockage partout en France, les envois express rendent parfois incontournable l’utilisation de l’avion sur le territoire…"7 à 9 fois plus polluant que le camion" explique Alma Dufour, chargée de campagne chez Les Amis de la terre.

Aux Etats-Unis, une étude (Reuters) a ainsi montré que le trafic aérien d’Amazon, qui possède sa propre flotte d’aéronefs, avait grimpé de 29% entre 2018 et 2019….à cause de livraison en 24h.

 

Quant aux camions, ils sillonnent les routes parfois quasiment vides. «Les camions quittent l’entrepôt 16 fois par jour à heure fixe, qu’ils soient pleins ou à moitié vides. Je vois parfois des remorques partir avec 2 palettes à l'intérieur, au lieu de 14 à plein.» témoigne d’un syndicaliste d’Amazon du site de Saran, près d’Orléans. Colissimo, de son côté, affirme remplir ses camions à plus de 80%, faisant plutôt exception dans le secteur.

La livraison express multiplie ainsi les modes de transport polluant ET les trajets quasi à vide, donc les émissions de CO2 émises. Sans compter l'éventuel 2e passage en cas d'absence du client.e, ou encore le retour si cela ne convient pas... 

Enfin, au delà de l'impact écologique, on pourrait aussi parler de la pression émise sur les transporteurs et livreurs pour assumer ses délais impossibles, entrainant des cadences et des horaires intenses, pour des salaires au lance-pierre.

La responsabilité de la livraison revient à chacun : distributeur comme client.e. En tant que distributeur, ne proposons pas des délais de livraison express au prix de la santé environnementale. En tant que client.e, armons nous d'anticipation et de patience. Rappelons-nous que la société de l'immédiat n'est pas un système viable pour le monde de demain. Remettons le juste temps au centre de notre consommation.

 

Pour aller plus loin :

Cécile P.

Article rédigé par :

Cécile P.

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