Les Français.e.s et la mode durable : où en est-on ?
À l’occasion de la Fashion Revolution Week, nous vous partageons les résultats d’un sondage de Purpose x Nouveau Modèle, mené avec l’IFOP, auprès d’un échantillon de 1020 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, en février.
81%* des Français·es seraient fier·ères de l’image de la France renvoyée par une Paris Fashion Week Responsable. Ce chiffre est symptomatique d’une société en profond changement. Huit ans après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, lle 24 avril 2013, les Français·es sont prêt·es à se tourner vers des marques éthiques et durables. Aujourd'hui, 69% des Français·es accordent de l’importance aux lieux et aux conditions de fabrication de leurs vêtements. Ils et elles attendent des marques, non plus de la communication, mais une véritable transparence.
Car les consommatrices et consommateurs ont pris conscience des visages des
milliers d’ouvrières et d’ouvriers derrière les étiquettes, et de leurs droits encore bafoués.
« Comment un vêtement peut-il encore coûter moins cher qu'un sandwich ? Comment un produit qui doit être semé, cultivé, récolté, peigné, filé, tricoté, coupé et cousu, fini, imprimé, étiqueté, emballé et transporté peut coûter quelques euros ? », s’interroge la prêtresse néerlandaise de la mode, Li Edelkoort.
Illustration tirée du film Made in Bangladesh de Rubayiat Hossain
Au Bangladesh, qui compte environ
4 millions de travailleur·ses du textile, beaucoup d’ouvrières et d’ouvriers du textile gagnent un peu plus que le salaire minimum imposé par le gouvernement : seulement 8 000 taka, soit
moins de 100 dollars, par mois. Les associations estiment que le double serait nécessaire pour que les travailleur·ses vivent confortablement : c’est ce que l’on appelle le
salaire vital. Mais l'exploitation des ouvrier·ères du textile ne se limite pas à l'Asie. Une enquête du Sunday Times de Londres, datant de juillet 2020,
a révélé que les travailleur·ses d'une usine de Leicester, fabriquant des vêtements pour la marque Boohoo, étaient payé·es 3,50 £ de l'heure quand en Grande-Bretagne, le salaire minimum pour les personnes de plus de 25 ans est de 8,72 £ de l’heure.
Un vêtement qui coûte quelques euros cache donc souvent une sombre réalité, celle de salarié·es exploité·es. C’est pourquoi 64% des Français·es sont prêt·es à payer plus cher pour un vêtement éthique et écologique, quitte à en acheter moins.
Si les consommatrices et les consommateurs sont prêt·es à consommer une mode plus responsable, les marques et les gouvernements doivent aussi prendre des engagements forts.
76% des Français·es estiment d’ailleurs que les autorités doivent s’engager en faveur d’une production de vêtements plus durables. Et pour inciter les marques à de profonds changements, le mouvement
Fashion Revolution a lancé
Who made my Fabric, une série de portraits d’ouvrier·ères du coton ou d’usines de matières premières afin d’encourager les marques à travailler sur la connaissance de leur sourcing et plus seulement sur leurs premiers sous-traitants (la fabrication).
Des salaires vitaux, des informations sur toute la chaîne de fabrication (des matières premières à la confection), des engagements pour des vêtements plus éthiques… les consommatrices et consommateurs attendent beaucoup des marques et des gouvernements. Mais pour faire le tri face à l’afflux d’informations, pour s’y retrouver dans la jungle des labels, pour éviter de tomber dans
les pièges du greenwashing, 79% des Français·es aimeraient un label clair, décelé par une entité indépendante, avec un score écologique pour les vêtements.
*Sondage de Purpose x Nouveau Modèle, mené avec l’IFOP, auprès d’un échantillon de 1020 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, en février.
Pour aller plus loin
Cet article a été rédigé par Chloé Cohen, réalisatrice du podcast Nouveau Modèle sur les enjeux sociaux et environnementaux de la mode : Nouveau Modèle. Chaque mercredi, Chloé reçoit une femme engagée, créatrice, entrepreneure, styliste, activiste ou encore mannequin. Ensemble, elles discutent des problématiques de la mode conventionnelle et des solutions à y apporter.
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