Fast fashion : quel est le problème ?

Fast fashion, définition :

Modèle économique de l'industrie de la mode qui fabrique des collections à bas coût et renouvelle très fréquemment ses collections (tous les mois, toutes les 2 semaines...) pour fait évoluer les tendances ultra-rapidement.

On le sait : cette mode conventionnelle exploite, détruit. Ce que l'on sait moins, c'est pourquoi et comment. Concrètement, c'est quoi le problème avec nos vêtements ? Pourquoi et comment doit-on modifier à la fois l'industrie et nos modes de consommation ? 

 

Sommaire :

  1. Le coût environnemental de la fast fashion
  2. Le coût sanitaire de la fast fashion
  3. Le coût humain de la fashion fashion : l'exploitation humaine et les conditions sociales
  4. Marketing trompeur, gaspillage et appauvrissement : le cercle vicieux de la fast fashion

 

1. le coût environnemental de la fast fashion

L'exploitation excessive des ressources naturelles

L'industrie textile est le 3ème secteur le plus consommateur d'eau au monde, juste après les cultures de blé et de riz. L'utilisation de l'eau est requise pour la culture de la plante à l'origine du textile (coton par exemple), pour sa transformation en fibre, pour sa teinture, etc. Cette sur-utilisation de l'eau est en partie responsable de l'assèchement de nos cours d'eau comme la mer d'Aral, en Asie centrale, qui a quasiment disparu à ce jour du fait des cultures de blé et de coton datant des années 60.

La mode est aussi à la 2ème place des industries qui occupent le plus de sols sur terre. Cela représente entre 2% et 3% de la surface cultivable mondiale rien que pour le coton. Cette mono-culture intensive est également néfaste pour la biodiversité et la fertilité des sols, qui s'assèchent plus rapidement.

1 t-shirt = 2.500 L d'eau (70 douches) et 5 m² de sol

1 jean = 11.000 L d'eau (300 douches) et 20m²  de sol

Comment changer la donne dans ma consommation ?

Pour éviter l'épuisement des sols et l'assèchement des cours d'eau, on peut choisir des matières issues de la nature, locales, et qui consomment peu d'énergie comme le lin, le chanvre, ou le lyocell (textile artificiel à base de cellulose de bois très écologique). Mais aussi varier sa garde-robe avec des vêtements en matières naturelles de seconde main, et d'autres en fibres naturelles recyclées ou upcyclées dont la fabrication demande beaucoup moins de ressources que le synthétique recyclé, comme le rPET.

vêtements

La fast fashion pollue

  • La pollution par ses procédés de fabrication dans la fast fashion

Avant d'être un t-shirt ou une jolie robe, ton vêtement en coton a subi 25 traitements chimiques. Avant même ces traitement, la culture du coton aura utilisé 25 % des pesticides et 10% des engrais chimiques mondiaux.

Ces produits chimiques infiltrent les sols, polluent les cours d'eau et intoxiquent la vie aquatique. En Indonésie, le fleuve du Citarum est le plus pollué du monde à cause des 500 industries textiles qui le bordent. 

Si le traitement des matières naturelles est désastreux, la fabrication de textiles synthétiques n'est pas meilleure. Dérivés du pétrole, ils sont transformés avec des solvants hautement toxiques comme le cyanure, la soude caustique ou l'ammoniaque. Volatiles, ces produits infestent l'air et les eaux, en plus d'émettre des gazs à effet de serre.

Une expédition Greenpeace de 2015 a analysé des échantillons d'eau et de neige collectés dans les endroits les plus reculés de la planète. Les résultats sont sans appel : de la Suisse au Chili en passant par la Russie et la Chine, toutes les eaux contenaient des "composants perfluorés", matière trouvable notamment dans l'élasthanne et les vêtements techniques.

Comment changer la donne dans ma consommation ?

Le plus radical : proscrire les matières synthétiques. Les remplacer par des textiles écologiques certifiés bio et Oeko-Tex 100plus, ou par des textiles non certifiés bio qui ne nécessitent pas ou peu de produits chimiques pour leur production comme le lin, le chanvre, le lyocell.

Un label de confiance : GOTS, qui assure une matière première cultivée dans le cadre de l'agriculture biologique. Le label Oeko-Tex certification 100plus environnement, garantit quant à lui une fabrication quasi-exempte de produits toxiques.

 

  • La pollution carbone via (notamment) le transport

Un tour et demi de la Terre, c'est 65.000 kms. Ce grand voyage est celui d'un jean moyen. Son périple commence dans les champs de coton en Inde ou en Afrique, continue vers les ateliers de tissage du Pakistan, ceux de teinture en Chine, finit par être assemblé en Tunisie avec quelques détours pour des détails en Australie ou au Japon, passe par le délavage au Bangladesh avant d'être revendu aux quatre coins du monde.

On prend souvent le jean en exemple, car ses spécificités en font le vêtement le moins écologique, mais il en est de même pour chacun de nos vêtements (un simple t-shirt transite sur 45.000 kms).

En 2015, l'industrie textile a rejetée 1,2 milliard de tonnes d’équivalent CO2. Un volume supérieur aux rejets carbonés du fret maritime et de l’aviation commerciale réunis.

Comment changer la donne dans ma consommation ?

La base : favoriser le made in France ou Europe, et le circuit-court, le plus possible à base de matières locales (lin, chanvre, lyocell : le trio gagnant). Le plus important étant de bien se renseigner sur toute la chaîne de production de ton vêtement, en demandant plus de transparence aux marques. De nombreuses enseignes éthiques détaillent les lieux de ressources et de fabrication de leurs produits. Fais le choix de la transparence !

  • La pollution jusqu'au lavage

Le problème du vêtement, c'est qu'il continue d'impacter l'environnement tout au long de sa vie. Une étude affirme que le cycle « lavage – séchage en machine – repassage » représente un tiers de l’impact environnemental d'un vêtement.

En effet, les vêtements en matières synthétiques, mêmes recyclés, relâchent des milliers de microparticules de plastique dans l'eau de lavage qui finit ensuite dans les cours d'eau. Cette pollution de l'océan est massive : l'équivalent de  50 milliards de bouteilles en plastique se retrouve chaque année dans la mer.

La lessive choisie est également extrêmement polluante si elle est chimique, et enfin l'eau et l'électricité nécessaire à un lavage en machine sont conséquents.

Comment changer la donne dans ma consommation ?

La base : laver moins souvent ses vêtements, uniquement quand la machine est pleine, et à basse température de préférence (30°).

D'autres changements d'habitude très simples peuvent avoir un grand impact :

  • Réserver le séchage et le repassage à de rares occasions
  • Limiter les matières synthétiques
  • Le cas échéant, utiliser un filtre ou un sac de lavage qui retient les microparticules, comme le "Guppyfriend". 

 

2. Le coût sanitaire de la fast fashion 

En 2019, le documentaire "Vert de Rage" de Martin Boudot sur le fleuve le plus pollué du monde (Citarum) révélait une information glaçante : on retrouvait en moyenne 54 polluants différents dans les cheveux des enfants de la région avoisinante, dont des insecticides et perturbateurs endocriniens.

Nos vêtements nous veulent-ils du bien ? Au contact de notre peau et proches de nos voies respiratoires, les traitements chimiques qu'ils ont subis ont un impact réel sur notre santé. Pesticides, insecticides, ammoniaque, métaux lourds, traitements anti-tout, phtalates, formaldéhyde, perturbateurs endocriniens... La liste est longue et les effets à long-terme n'ont pas encore tous été découverts. Les sous-vêtements en synthétique, par exemple, sont soupçonnés de participer à la hausse de l'infertilité.

C'est sans parler du risque sanitaire pour ceux qui fabriquent nos vêtements et sont au contact constant et à haute dose de ces intrants toxiques. Le délavage du jean par sablage par exemple, provoque la silicose : une maladie pulmonaire incurable due à l'inhalation de poussières de silice.

Comment changer la donne dans ma consommation ?

Pour prendre soin de ta santé et celle des travailleurs, choisis des matières certifiées biologiques, certifiées GOTS.

Le label Oeko-Tex100 garantit, lui, un produit fini sain, mais pas que la production n'a utilisé aucun produit chimique, ni qu'elle a été non-polluante. Par exemple du polyester peut être certifié Oeko-Tex : cela signifie que le produit fini ne présente aucun risque pour ta santé ou ta peau.

En savoir + : Vêtements : GOTS, Oeko-Tex... à quel label se fier ?

 

3. Le coût humain de la fashion fashion : l'exploitation humaine et les conditions sociales

5 millions de mineurs de 6 à 16 ans travaillent pour l'industrie textile au Bangladesh, où le salaire moyen ide ce secteur est de 83 € par mois. Au Pakistan, les conditions de travail inhumaines des ouvriers textiles ont été dénoncées par l'ONG Human Rights Watch en janvier 2019. L'OMS, de son côté, recense 1 million de personnes intoxiquées par la culture du coton conventionnelle et 22.000 morts chaque année.

La mode conventionnelle intoxique, exploite, tue. Elle est le symbole de l'esclavagisme moderne où les conditions de travail et les salaires sont indécents, les tâches dangereuses, le travail des enfants autorisé, les syndicats interdits, et les pressions physiques comme psychologiques sont monnaie courante. Est-ce le modèle de société que nous voulons soutenir ?

Comment changer la donne dans ma consommation ?

Plusieurs leviers sont à soulever :

  • Choisir des vêtements fabriqués là où le droit du travail et la dignité humaine sont respectés (France et Europe en général, par exemple).
  • Choisir des marques éthiques qui conçoivent leurs vêtements dans des usines labellisées commerce équitable, comme le label de confiance GOTS qui assure le respect des normes de l'OIT (Organisation Internationale du Travail).
  • En militant pour davantage de transparence et d'intérêt des marques conventionnelles quant aux conditions de travail dans les usines : le secteur textile reste un vivier d'emploi dans des pays pauvres, notamment pour les femmes qui peuvent sortir de la misère et gagner en indépendance. 

 

4. Marketing trompeur, gaspillage et appauvrissement : le cercle vicieux de la fast fashion

Le modèle de la fast fashion : surproduire, pour inciter à surconsommer. 

  • 20 % de tissu est perdu lors de la découpe d'un vêtement. Une partie de ces chutes est recyclée, mais une autre est jetée.
  • 80% vêtements en France sont jetés dans la poubelle pour ordures ménagères et finissent par être tout simplement enfouis ou incinérés.
  • Et ce n'est que le début du gaspillage : on estime qu'un adulte Français achète entre 9 et 30 kgs de textile par an, alors même qu'un vêtement est porté entre 7 et 10 fois en moyenne et que 114 € de vêtements par logement reste dans nos placards sans jamais être porté.
  • Quant au recyclage textile, il a lieu pour moins de 15 % d'entre eux.
  • Dans le monde, le débarras d’habits encore portables représenterait 460 Milliards de dollars par an... autant d'argent qui ne reste pas dans les poches des citoyens. 

Comment la fast fashion réussi-t-elle à nous convaincre de participer à ce grand gaspillage ? En utilisant les sciences sociales pour créer un message qui capte l'attention de notre cerveau. En utilisant, par exemple, les biais cognitifs.

En savoir + :

Achats compulsifs : comment le marketing manipule notre cerveau

> Ces 8 biais cognitifs court-circuitent notre capacité à acheter en conscience.

 

Comment changer la donne dans ma consommation ?

La base : moins acheter. Mieux penser ses achats, plutôt que de dé-penser. Réfléchir en terme de besoin réel, pas de tendance ou de coup de tête. Également en choisissant certains vêtements de seconde main, ou d'autres en fibres recyclées comme un pull en laine réutilisée. 

 

L'alternative à la fast fashion ?

La mode durable. Notre premier conseil pour s'y mettre : acheter moins de vêtements, de façon générale. Varier les impacts : du soutien aux marques françaises, du soutien au secteur textile plus lointain mais équitable, de la seconde main, du recyclage... Repenser ses achats en fonction de nos besoins réels, et les faire durer.

 

Sur le même thème :

5 RAISONS DE NE PAS SE METTRE À LA MODE ÉTHIQUE

MODE DE VIE MINIMALISTE : POURQUOI ET COMMENT S'Y METTRE ?

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Sources :

https://waterfootprint.org/

https://www.planetoscope.com

https://www.fairact.org/informer/cycle-vie-tshirt/ 

https://www.francetvinfo.fr

https://www.france.tv/france-5/vert-de-rage/

Documentaire “Vêtements, n’en jetez plus !” sur France 5

https://www.encyclo-ecolo.com/Coton_biologique

https://www.linfodurable.fr/conso/7000-10-000-litres-deau-sont-necessaires-pour-fabriquer-un-jean-comment-arreter-les-frais

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/le-revers-de-mon-look.pdf

https://www.greenpeace.fr/detox-la-mobilisation-continue/

https://www.ellenmacarthurfoundation.org/assets/downloads/publications/A-New-Textiles-Economy_Full-Report.pdf

https://multimedia.ademe.fr/infographies/infographie-mode-qqf/ 

http://www.journaldelenvironnement.net/article/l-industrie-textile-plus-emettrice-de-co2-que-les-transports-aeriens-et-maritimes,88372

https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/infographie-les-10-chiffres-chocs-du-gaspillage-vestimentaire-a-avoir-en-tete-avant-de-faire-les-soldes-146769.html

https://www.unicef.fr/article/travail-des-enfants-au-bangladesh-lunicef-soutient-une-education-de-base

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/01/co2-eau-microplastique-la-mode-est-l-une-des-industries-les-plus-polluantes-du-monde_5505091_4355770.html

https://www.acte-international.com/web/aw_16642/fr/bangladesh-hausse-du-salaire-minimum-dans-l-industrie-textile-habillement 

https://www.global-standard.org/fr/

https://www.oeko-tex.com/en/ 

Cécile P.

Article rédigé par :

Cécile P.

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