Pourquoi l’économie sociale et solidaire est une réponse à la crise actuelle

Depuis quelques jours, tout le monde a un mot à la bouche : «  solidarité ». Si on comprend aisément son sens dans la vie quotidienne (aider son voisin à faire ses courses, prendre des nouvelles de mamie, tendre la main à ceux qui ont moins), quel est son sens dans l’économie ?

Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire et pourquoi c’est une réponse à la crise actuelle, mais aussi à la crise sociale et aux inégalités ?

L’économie sociale et solidaire, en réaction aux dérives du capitalisme sauvage, il y a déjà 150 ans

Au XIX^e siècle, les dégâts du capitalisme et de la révolution industrielle ont fait émerger une nouvelle économie, d’abord dite « sociale ». L’idée ? Inventer une façon collective de produire des biens et des services, à partir des besoins de tous et non de l’intérêt de quelques-uns, mais aussi appliquer les principes démocratiques aux activités économiques. Coopératives, mutuelles puis associations (à partir de 1901) se forment et sont particulièrement actives dans la protection sociale, l’assurance, les banques, l’action sociale, l’éducation populaire, le sport, la culture, l’agriculture.

Moins d’un siècle plus tard, le chômage massif et la monté des exclusions dans les années 1970 fait naître, à nouveau, des aspirations à un mode de développement économique différent. Des entreprises alternatives voient le jour autour du commerce équitable, des circuits courts de production, des systèmes d’échanges locaux (SEL), de l’insertion par l’activité économique (IAE), etc. Elles convergent avec les mouvements antimondialistes de l’époque : c’est l’émergence de l’économie « solidaire » cette fois.

Enfin, c’est en 2014 que la Loi du 31 juillet relative à l’économie sociale et solidaire marque un tournant, incluant le statut d’entreprises aux structures relevant de l’ESS. Désormais, c’est l’utilité sociale  et le respect de plusieurs principes et valeurs qui caractérisent l’économie sociale et solidaire.

Quel rapport entre la crise sanitaire actuelle et l’économie sociale et solidaire ?

Ces 70 dernières années, le monde a vu une recrudescence des épidémies. H1N1, SRAS, Ebola, Zika, Nipah, Ces épidémies sont à chaque fois transmises via des animaux qui sont sortis de leur habitat naturel par l’activité humaine. Élevage intensif (H1N1), déforestation (Ebola, Nipah), braconnage (le Pangolin). Ce sont les dégâts causés par l’Homme sur les écosystèmes qui multiplie le nombre d’épidémies. Ce sont nos modes de vies et de consommation non viables qui sont à l’origine de ces dégâts.

L’ESS,  une solution à la crise actuelle ?

Oui. Cela participe à une réponse à la crise sanitaire actuelle, mais aussi à la crise sociale et aux inégalités.

A court terme, confinons-nous pour sauver des vies. Mais après cela, repensons nos modèles. Arrêtons d’essayer de dominer la nature, et apprenons à créer un lien de solidarité mutuel. A mettre nos valeurs éthiques, écologiques, sociales et solidaires au cœur du fonctionnement de nos entreprises.

Posons-nous des questions : A qui appartient le produit que j’achète ? Où est-il produit sur tout la chaine ? Par qui ? Dans quelles conditions ?

Refusons ce qui nous semble aller à l’encontre du bon sens : c’est la recette de la préservation de notre espèce.

Quels sont les critères d’une entreprise sociale et solidaire et comment les distinguer du « greenwashing » ?

Les valeurs fédératrices de l’économie sociale et solidaire (ESS) sont les suivantes :

• Un autre but que le seul partage des bénéfices

1. Les hommes et les femmes sont au cœur de l'économie et en constituent la finalité : faire passer les gens avant l’argent. 
2. La structure poursuit,via son activité, une utilité sociale, sociétale ou environnementale.Il s’agit de faire passer la solidarité, le respect des droits humains, des animaux et de la planèteavant le profit.

• Une gouvernance démocratique

Associés, salariés et parties prenantes bénéficient d’une information transparente sur les enjeux et les réalisations de la structure. L’objectif : qu’elle soit gérée de façon juste pour tous, en prenant en compte les besoins, les demandes et les idéesde toutes les parties prenantes.

• Une lucrativité limitée et le partage des profits

1. Les bénéfices sont consacrés d’abord au maintien et au développement de l’activité. Servir les actionnaires ne vient qu’ensuite. Les réserves obligatoires constituées sont impartageables et ne peuvent pas être distribuées.
   
   
2. Les inégalités salariales sont limitées.La politique de rémunération doit respecter 2 conditions :

• La moyenne des sommes versées, y compris les primes, aux 5 salariés ou dirigeants les mieux payés ne doit pas excéder un plafond annuel fixé à 7 fois le smic.

• La rémunération versée au salarié le mieux payé ne doit pas excéder un plafond annuel fixé à 10 fois le smic.

Ce qu’on en retient :

• L’impact positif est le fondement même de l’existence d’une structure de l’ESS. C’est la raison de sa création, et c’est au cœur de ses choix de développement.
  
  
• Le greenwashing rendant difficile la distinction entre les structures «vraiment » engagées et les autres, il est utile de vérifierles statuts d’un organisme et son appartenance ou non à l’ESS : cela peut aider à décrypter le vrai du faux.
• Pour savoir si une structure faire partie de l’ESS, on regarde ses mentions légales. Les entreprises de l’ESS peuvent demander l’agrément ESUS ("Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale") qui certifie que les critères de l’ESS sont bien inscrits dans ses statuts.

• Une société à but commercial peut être une structure sociale et solidaire, tant qu’elle a une utilité sociale, sociétale ou environnementale. Faire partie de l’ESS ne signifie pas ne pas gagner d’argent, cela signifie faire passer l’éthique avant les gains.

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